Le déficit public français fait la gloire du gouvernement Macron. En France, en Europe, Macron est félicité et reconnu comme un Marabout de la finance. Cette réussite économique et financière est politique pour Macron même s’il la doit en partie aux réformes entreprises par son prédécesseur Hollande ( réformes El Khomri non abouties sur le marché du travail, la mise en place du CICE --Crédit d’Impôt pour la compétitivité et l’emploi-). Le chemin des comptes publics donne les indications suivantes : le déficit public en pourcentage de PIB a été de 4% en 1997, 7% en 2010 et 2.6% en 2017.

Cela montre que la France fait des efforts au niveau de sa Gouvernance économique et que Macron est peut-être en train de gagner son pari. Cependant, le niveau de la dette, qui était de 65% dans les années 2000, est aujourd’hui à 97%. Le niveau du déficit et celui de la dette montrent que la France est dans une approche contradictoire.

Il y a la fois une volonté de dégager des recettes grâce à la croissance, mais une croissance insuffisante qui oblige le gouvernement à être en situation de déséquilibre au niveau de ses dépenses publiques. Ce déséquilibre traduit l’augmentation des dépenses de fonctionnement (rémunération de la fonction publique, subventions aux entreprises et établissements qui sont sous la tutelle de l’Etat) aux dépends des dépenses d’investissement.

En décidant de lancer un projet pour l’intelligence artificielle de l’ordre de 1 milliard (en Chine, c'est 22 milliards), Macron veut modifier la relation asymétrique entre dépenses de fonctionnement et dépenses d'investissement. D’ailleurs, la réduction du nombre de fonctionnaires, la réforme attendue de la fonction publique (statuts, nouveaux contrats, retraites en 2019, mobilité entre secteur public et secteur privé) participent de l’efficacité que Macron veut impulser à l’économie française.

L’efficacité macronienne est contrainte par la pression fiscale et le taux élevé des prélèvements obligatoires

En décidant d’imposer le patrimoine dormant et en décidant la faible taxation des patrimoines productifs, Macron fait le pari de l’efficacité : redonner de l’argent aux premiers de la cordée économique pour que ceux-ci investissent et, au nom de la théorie du ruissellement, amorcent de façon pérenne la reprise durable de la croissance économique.

Le problème est que Macron, Ministre de l’Economie de Hollande, avait fait un contresens : augmenter les impôts, ce qui a entraîné et favorisé le désinvestissement des fortunes françaises et la recherche systématique des paradis fiscaux ou de pays pour optimiser fiscalement leurs ressources financières. La croissance économique sous Hollande a été atone. Macron élu Président fait l’inverse et cherche à réduire la Pression fiscale.

Mais paradoxalement, les prélèvements obligatoires ne baissent pas. En 1997 le taux des prélèvements obligatoires était de 43% par rapport au PIB, selon l’INSEE. En 2010, sous Sarkozy, on est revenu à un taux de 41%. Sous Hollande en 2012, jusqu’à Macron, on est passé d’un taux de 44% à un taux de 45,4%.

La pression fiscale justifie les éléments de démonstration présentés en amont selon lesquels Macron, Ministre des Finances de Hollande, avait fait un mauvais diagnostic.

Comment diminuer le taux des prélèvements obligatoires pour redonner des marges de manœuvre aux acteurs économiques ?

La pression fiscale forte est une mauvaise nouvelle pour la gouvernance économique de Macron car les ménages comme les entreprises, renseignés par la théorie économique de la fiscalité et des préconisations du modèle Ricardo/Haavelmo, estiment que l’Etat va continuer d’accroître sa pression fiscale et, au nom des anticipations pessimistes, préfèrent épargner pour payer les impôts futurs plutôt que d’investir pour créer des richesses.

On pourrait rajouter à ce modèle l’intuition de la courbe de l’économiste américain Laffer selon lequel un taux de prélèvement fiscal important décourage les investisseurs et favorise la désutilité pour le travail et l’entrepreneuriat.

Dans ce cas, que doit faire Macron ? Quand on est libéral, on peut lui recommander de diminuer les dépenses publiques, celles qui sont liées au fonctionnement. On a reproché dans le même temps à Macron d’augmenter la CSG pour les retraités. Macron peut aussi demander aux collectivités locales de diminuer les dépenses de fonctionnement. Il doit aussi, à partir de 2019, contraindre l’Allemagne de Merkel à se lancer dans un vaste projet de relance économique basé sur les infrastructures, accompagné de baisses significatives des impôts sur les ménages et sur les entreprises. L’Europe de Merkel et la France sont-ils prêts aux réformes volontaristes futures de Macron ?