La situation à l’heure actuelle est explosive autour de la bande de Gaza (41 morts, raids de l’aviation israélienne sur le Hamas, contestation des capitales mondiales de la décision de Trump). Jean-Yves Le Drian, Ministre français des Affaires étrangères, déclare que la décision de Trump est contraire aux résolutions du Conseil de sécurité et de l’ONU. Trump n’en a cure, il fait ce qu’il dit : les Etats Unis d’abord. Comme dans ses affaires personnelles dans le business, il renverse la table et il reconstruit après. Toute sa politique étrangère est sous la marque de sa politique intérieure depuis son élection en 2016.

Trump a décidé la sortie des Etats Unis de l’accord climat de Paris (COP21), il a déchiré l’accord nucléaire de Vienne de 2015 avec l’Iran et, aujourd’hui, il installe l’Ambassade des Etats Unis à Jérusalem, ce qui constitue une provocation vis-à-vis des Palestiniens et du reste du monde. Les Européens sont en train de s’habituer à la manière forte de Trump en diplomatie et ils sont obligés de revoir leur logiciel décisionnel et actionnel vis-à-vis des Etats Unis. Trump ne se soucie pas des conséquences de ses décisions car il estime que les Etats Unis sont la puissance de référence. Il modifie les alliances au Moyen-Orient en rapprochant Israël et l’Arabie Saoudite contre l’Iran, soutien du Hamas, et la Syrie.

Comment expliquer la décision de Trump ?

En installant son Ambassade à Jérusalem, Trump oblige les autres pays du monde et les Palestiniens à reconnaître que Jérusalem devient la capitale de l’Etat hébreu alors que Jérusalem bénéficie d’un statut spécifique qui n’est pas encore réglé. Pour Trump les choses sont claires : il s’agit de retirer Jérusalem de la négociation future entre Palestiniens et Israël avant de parvenir à la construction de deux Etats.

Trump agit en businessman en évacuant les questions qui fâchent et en mettant les Palestiniens devant le fait accompli pour mieux imposer sa méthode de négociation. A cette inauguration de l’Ambassade américaine, seuls trois Etats européens sont présents : la Hongrie, la Bulgarie et la République Tchèque, pays d’Europe de l’Est et véritables passagers clandestins, et paradoxalement officiels, de la communauté de l’Union européenne.

Cette communauté doit se mordre les doigts d’avoir fait entrer certains pays d’Europe de l’Est qui croient plus dans les décisions américaines que dans celles de l’Union européenne.

Les conseillers diplomatiques de Trump (Ivanka Trump, fille de Trump convertie au judaïsme par son mariage avec Jared Kushner) ont largement pesé dans la décision du Président Trump. Israël s’est emparé de Jérusalem Est en 1967 lors de la guerre des 6 jours. Israël considère qu’après 3000 ans d’histoire, toute la ville de Jérusalem lui appartient alors que, pour les Palestiniens, Jérusalem Est est la capitale de leur futur Etat. Pour la communauté internationale, Jérusalem Est est un territoire occupé et les ambassades ne peuvent s’y installer, tant que le statut de la ville n’a pas été clairement discuté.

Pour Trump, Jérusalem n’est pas négociable dans la stratégie de formation de deux Etats entre israéliens et palestiniens

Comme en affaires, Trump évite de perdre trop de temps en discutant du statut de Jérusalem, ce qui est une provocation pour les Palestiniens et une victoire pour Israël. En inaugurant l’Ambassade américaine, Trump envoie un message clair : Jérusalem n’est plus dans le panier de négociation entre Juifs et Palestiniens, quoiqu’en disent les Européens et le reste du monde. Pour la communauté internationale et surtout pour les Palestiniens, c’est inacceptable au moment où ils vont fêter la Nakba, ce qui veut dire la catastrophe qu’a constitué la création de l’Etat d’Israël en 1948, accélérant ainsi l’exil de millions de Palestiniens vers les autres pays arabes.

La situation à la frontière de Gaza avec Israël est explosive, il faut espérer que la décision de Trump n’embrase pas le Moyen-Orient qui est déjà sous tension avec les relations violentes entre l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Irak, la Syrie, Daesh, la Turquie, les Kurdes, le Yémen et maintenant les Palestiniens. Trump avance, il continue à passer outre les bonnes mœurs de la diplomatie internationale, il jette par terre les codes de bonne conduite des relations internationales et il continue à braver les peuples et les Etats qui subissent pour l’instant. Ainsi va le monde sous la marque Trump: America first and alone.