Ce 19 mai 2018 restera dans les annales de la monarchie anglaise comme le point de départ de l’ouverture à la diversité qui est en marche et de façon concrète dans la société anglaise, à la différence de notre bonne vieille République fraternelle française où la diversité a du mal à prendre corps dans les têtes et dans les pratiques économiques, politiques et sociétales. Nous sommes les spécialistes du discours et nous avons beaucoup de mal à œuvrer concrètement sur le terrain dans le domaine de la diversité. L’élection de Macron à la Présidentielle a ouvert la représentation nationale à la diversité, mais les champs politique et économique restent des chantiers à construire en espérant que cela ne devienne à jamais des espaces de ruines.
Ce détour par la diversité en France qui reste un principe, est important pour comprendre que les pays anglo-saxons évoluent plus vite dans le rapport à l’autre que dans les pays latins. Les Etats Unis ont élu un Noir (Obama) à leur tête alors que les Etats Unis ont toujours été considérés comme esclavagistes. Aujourd'hui la monarchie anglaise, par le mariage d'un de ses représentants (Harry), introduit la diversité à Buckingham palace.
Le mariage Harry et Meghan, une leçon pratique sur la diversité qui reste un simple discours en France
Le mariage de Harry et de Meghan, une quarteronne américaine (dans le langage américain c’est une noire et pour nous en France c’est une métisse), montre la capacité d’innovation sociale de la monarchie anglaise qui, au-delà des conservatismes qu’on lui prête souvent, est capable d’innovation sociale majeure.
Ce qui structure toute société, c’est la famille, ce sont les liens matrimoniaux qui fondent l’échange et l’humanité. Quelle preuve magnifique que nous administre une fois de plus le Royaume-Uni, société souvent moquée pour son multiculturalisme. Il ne s’agit de demander à la France d’être multiculturelle, mais, à travers le pacte républicain, d’approfondir la diversité.
Les revendications des Femmes noires actrices sur les marches du Palais du festival de Cannes, qui demandent à être considérées comme des vraies artistes avec de vrais rôles, montrent la difficulté pour faire admettre le principe de diversité en France dans tous les métiers et les secteurs d’activité à des niveaux élevés. On rencontre la diversité dans des métiers faiblement rémunérés.
Meghan, actrice noire (ou métisse comme voulez), a eu des rôles au cinéma et à la télévision à la hauteur de son talent. En l’épousant le Prince Harry fait sauter une série de verrous car Meghan est divorcée et plus âgée que lui de 2 ans. La famille royale d’Angleterre inaugure un modèle sociétal conforme à la société anglaise.
Les innovations sociétales du mariage princier et l’ouverture au monde de la Grande Bretagne
A la différence de la France qui fait de la mondialisation un discours et voire dans certains cas un repoussoir, on constate que la Grande Bretagne, depuis toujours, n’a aucune crainte vis-à-vis de la mondialisation qui, par définition, repose sur la diversité et le contact avec l’autre dans les domaines aussi multiples que les échanges économique, politique, social et culturel.
La famille royale apprend très vite. Après les critiques qu’elle a subies à la suite de la mort de Diana, elle s’est très vite réadaptée au monde dans lequel elle vit, tout en gardant une position exceptionnelle. Harry, comme tout adolescent, a fait « les quatre cents coups" d'un adolescent normal , sans oublier le prince qu’il était et ses obligations en servant en Afghanistan. En épousant Meghan, le Prince Harry a introduit une subversion maîtrisée au sein de la famille royale : introduire une métisse, donc un phénotype différent, et avec elle le gospel et la prise de parole du Président noir de l’église anglicane américaine, Michael Curry, qui a insisté sur le pouvoir de l’amour comme espace de vie et de liberté, convoquant dans le même prêche Martin Luther King et l’esclavage.
La présence de la maman de Meghan (Doria Ragland, descendante d’esclaves dans les plantations de coton en Géorgie du sud) dans un tailleur vert moins pimpant que celui de la Reine Elisabeth, symbolisait cette diversité que l’on a pu remarquer aussi dans l’assemblée avec des artistes mondialement connus, comme Alma Clooney, la femme libanaise de Georges Clooney, Serena William, Oprah Winfrey, la papesse noire de la communication aux Etats Unis, et toute la population dans sa diversité dans les jardins de Windsor et le long du parcours du cortège princier après la sortie de l’église. Au nom de la diversité, la France a encore à apprendre auprès de l’Angleterre, matrice des innovations sociales et sociétales vécues de façon pratique et non théorique comme dans notre bonne vieille France.