En Afrique, il existe un problème dont on n'entend jamais parler dans les médias nationaux et internationaux : c'est celui relatif à l'hébergement des élèves pendant l'année scolaire. Pourtant, très souvent, la thématique de la non-scolarisation des filles revient à la Une des journaux, elle fait l'objet de critiques virulentes des défenseurs des droits de la femme, et elle constitue une préoccupation prioritaire de l'UNESCO. Cependant, faut-il le rappeler, en Afrique subsaharienne, une chose est de pouvoir scolariser ses enfants, une autre est de pourvoir à leur logement lorsqu'ils atteignent le cycle secondaire.
En effet, l'hébergement des élèves pendant l'année scolaire est un véritable casse-tête chinois en Afrique. On peut même l'affirmer sans se tromper, l'échec scolaire en Afrique qui s'explique par la conjonction de multiples facteurs, - peut aussi être expliqué en grande partie par le problème d'hébergement auquel sont confrontées des millions de familles au cours de l'année scolaire. Et comment
Dans une Afrique majoritairement rurale, où, la grande partie des collèges et des lycées se situent dans les villes, l'hébergement des élèves en cours d'année scolaire donne du fil à retordre aux parents paysans. Ainsi, à la rentrée scolaire, les parents d'élèves ne savent plus à quel saint se vouer.
Lorsque leur enfant est orienté dans un collège, un lycée, ou une grande école située dans une ville lointaine, les parents doivent battre le pavé pour trouver un logement de location s'ils ont les moyens matériels et financiers, ou alors ils ont l'obligation de trouver un tuteur qui puisse accueillir dignement leur enfant, pour la durée de l'année scolaire.
C'est la croix et la bannière. Et, quand ils y parviennent, les conditions de vie de l'élève ou de l'étudiant, selon qu'elles sont difficiles, - justifient parfois de la dérive ou de l'échec de l'élève et de l'étudiant. Les filles en paient souvent le plus grand prix. D'où, l'importance de construire des internats et des cités universitaires.
Des conditions de vie difficiles à l'origine de la dérive et de l'échec scolaire : les filles, les plus grandes victimes
En cours d'année scolaire, les élèves et étudiants africains éloignés de leurs familles ont deux possibilités d'hébergement : soit, les parents leur louent un logement chez des bailleurs privés, soit, les élèves et étudiants sont confiés à des tuteurs. Dans l'un comme dans l'autre cas, les conditions de vie ne sont pas faciles. En effet, lorsque les élèves et étudiants vivent dans des appartements loués par leurs parents, ils sont laissés à eux-mêmes sans surveillance. Dans cette situation de laisser-aller, le manque de rigueur et de discipline dans le travail entraîne très souvent le délaissement des études.
C'est là qu'intervient la dérive vers des maux de la société tels la toxicomanie, la délinquance juvénile, la prostitution,...etc. Par ailleurs, se pose le problème de l'alimentation. L'élève, l'étudiant, résidant dans un appartement loué doit s'occuper de sa propre restauration : aller faire des courses au marché, cuisiner et enfin, manger. En général, pour faute de temps, le matin, avant de partir à l'école, les élèves et étudiants ne s'occupent pas de se préparer un petit déjeuner. Ils ne font que se contenter de quelques galettes, vendues par des commerçantes installées le long des routes conduisant au collège, au lycée, à la faculté. A la mi-journée comme en fin de journée, il faut se faire soi-même à manger ou alors, se rendre dans les restaurants de fortune pour s'approvisionner.
Il arrive que pour faute d'argent, on se passe de nourriture. Surviennent alors de graves problèmes sanitaires imputables à la sous-alimentation.
Et puis, se pose le problème de locomotion. Comment trouver un moyen de transport au quotidien pour se rendre au collège, au lycée, à l'université, depuis le domicile. C'est une autre paire de manche qui vient s'ajouter aux nombreux facteurs explicatifs de l'échec scolaire et universitaire en Afrique. Quoiqu'il en soit, les frais de location de logement, les frais de transport, les frais de restauration..., sont autant de frais qui alourdissent les charges des familles. Les élèves et étudiants n'ayant pas en général de bourse, ce sont les parents qui doivent prendre tous ces frais en charges lorsqu'ils ont des moyens.
Quand les parents n'ont pas assez de moyens pour payer les loyers d'hébergement chez des bailleurs privés, et n'ont pas assez de moyens financiers pour couvrir les besoins quotidiens de l'élève, de l'étudiant, la conséquence est la débauche. Et c'est ainsi que l'on déplore une grande tendance à la prostitution en milieu scolaire et estudiantin en Afrique. Or, côté des élèves et étudiants en location durant l'année scolaire qui connaissent des conditions de vie dramatiques, il y a aussi la situation des élèves et étudiants placés chez des tuteurs. Contraints de participer aux tâches ménagères, très vite, la vie de ces élèves et étudiants confiés à des familles d'accueil devient un enfer sur terre.
Rendus corvéables à merci, ce sont eux qui doivent faire le ménage de toute la maison, cuisiner à manger pour la maisonnée, faire la lessive du tuteur et de son épouse y compris celle de leurs enfants. Les élèves et étudiants deviennent de vrais hommes et Femmes de ménage, transformés en main d’œuvre servile. La soumission aux corvées des élèves et étudiants est alimentée par l'exploitation sexuelle dans de nombreux cas. En effet, très souvent, le tuteur demande des services sexuels à sa protégée, à son protégé. En fin de compte, les filles tombent enceintes en milieu scolaire ou estudiantin. Elles retournent à la case départ, c'est-à-dire, au village, chez leurs parents. La fin des études est ainsi consacrée.
Dans certains cas, tombées enceintes, elles deviennent de fait l'épouse de leur tuteur. Alors qu'elles devraient faire des études pour s'assumer, elles tombent dans le piège infernal de la vie au foyer, sans formation professionnelle, sans ressources. Tel est le funeste sort réservé aux élèves et étudiantes africains dans la majorité des pays africains. Devant ce sombre tableau, une solution s'impose : la construction d'internats et des cités universitaires.
De l'urgence de construire des internats et des cités universitaires
L'épineux problème d'hébergement des élèves et étudiants africains durant l'année scolaire et universitaire ne se résoudra que par la construction de nombreux internats et de nombreuses cités universitaires.
Dans les internats, les horaires sont réglementés. Les heures de coucher, de réveil, de restauration, d'études sont rigoureusement fixées. Les élèves ne sont pas livrés à eux-mêmes. Ils savent à quoi s'en tenir. Ils ne peuvent pas sortir sans permission. Et quand ils obtiennent la permission de sortir, une heure leur est fixée pour leur retour. Pour leurs devoirs et la révision de leurs leçons, les élèves reçoivent de l'aide des éducateurs. Les élèves n'ont pas à s'occuper de leur restauration ni de leur linge. Leur temps est consacré aux études. Et puis, le problème de transport ne se pose pas puisque l'internat se trouve à quelques encablures des salles de classe, sur place, au collège, au lycée.
Ainsi en est-il des cités universitaires. Les étudiants résident sur place, proches des amphithéâtres. Ils n'ont pas besoin de moyens de locomotions pour se rendre à la faculté tous les matins. De surcroît, ils ne dépendent de personne. Sur le campus universitaire, un restaurant universitaire est à leur disposition. Avec une bourse, chaque étudiant a une autonomie de jeune adulte. Il est à même d'organiser sa vie privée en pourvoyant à ses propres besoins. En cité universitaire, il ne pèse pas sur les étudiants, des menaces d'exploitations de tous genres. Les filles n'ont pas à consentir à des faveurs sexuelles exigées par certains tuteurs. Sur le campus universitaire, les étudiants sont entre eux, ce qui fait que la vie est plus agréable vu que tous les étudiants ont les mêmes préoccupations :les études.
En un mot comme en mille, reconnaissons que si la lutte contre l'analphabétisme passe par la scolarisation, la scolarisation passe quant à elle, par la construction d'écoles, de collèges, de lycées, d'internats et de cités universitaires.