L’Affaire Benalla, telle que rapportée par plusieurs médias, met l’Elysée et le Président Macron dans l’embarras pour des faits qui remontent au 1er mai 2018. On en connaît les détails seulement maintenant. On accuse Benalla de plusieurs faits : usurpation de l’identité policière, agression sur des personnes sans en avoir l’autorité légitime, comportement inadmissible (comme sa présence dans le car des Bleus) après avoir été rétrogradé. Alexandre Benalla est en garde à vue, une procédure de licenciement est engagée à son encontre car l’Elysée lui reproche d’avoir reçu après le 18 juillet des vidéos qui lui auraient permis de prouver son innocence.

Trois fonctionnaires de la police sont mis à pied à titre conservatoire. Le Directeur de cabinet du Président Macron, Patrick Strzoda, a été entendu pour les besoins de l’enquête. A l’Assemblée nationale, l’opposition a obtenu qu’une commission d’enquête parlementaire entende les protagonistes de cette affaire Benalla et demande que le Ministre de l’Intérieur, Gérard Colomb, ou le Premier Ministre viennent s’expliquer à l’Assemblée nationale. L’affaire Benalla, qui au départ n’était qu’une affaire administrative, devient une affaire politique. S’agit-il d’une dissimulation de la part de l’Elysée ou d’un mensonge d’État ? L’ancien gendarme Craze, employé par le mouvement LREM, a été licencié, il est aussi entendu par les autorités judiciaires.

L’image politique d'Emmanuel Macron est modifiée par l'affaire Benalla

Dès le départ, l’Elysée et le Président Macron ont estimé que l’affaire Benalla était une non-affaire. C’est une erreur politique car la réalité et la pression des faits ont obligé le Président à changer de stratégie malgré la déclaration du porte-parole de la communication de l’Elysée en la personne du journaliste Bruno Roger-Petit.

C’est une communication maladroite qui n’a fait que renforcer la suspicion de l’Elysée qui a voulu protéger l’un de ses membres. Cette suspicion est devenue très forte car, depuis 24 heures, les télévisions montrent la proximité de Alexandre Benalla et d'Emmanuel Macron, Président de la République (Salon de l’agriculture,balade à vélo, présence de Benalla au domicile privé du Chef de l’État au Touquet).

Alexandre Benalla est en garde à vue mais l’attentisme de l’Elysée et du Président ont entraîné un trouble dans l’opinion publique. La toute-puissance macronienne est en train de subir des coups de boutoirs. La verticalité jupitérienne de Macron est contrainte par l’horizontalité de l’opinion qui risque de ne plus faire confiance au Chef de l’État dans sa politique de rénovation de l’espace politique français. Certains estiment que les réflexes du vieux monde qu'Emmanuel Macron voulait combattre (tricherie, dissimulation, copinage) se retrouvent dans le nouveau monde qui est le sien. Le Président Macron et l’Elysée ont mal géré cette affaire Benalla. On a l’impression d’avoir la même communication que celle qui a lieu au moment de l’affaire Fillon.

On peut comprendre pourquoi il y a un embarras au sein des députés LREM qui, tout en condamnant des faits graves, sont obligé en même temps de protéger la réputation politique du Président Macron.

Conséquences politiques pour le Président Macron

Mis au courant par son Directeur de cabinet, le Président Macron en dehors du pays car en visite en Australie le 1er mai, aurait dû demander au Directeur de cabinet et au Secrétaire général de l’Elysée, Alexandre Kohler, de licencier immédiatement Alexandre Benalla, ce qui n’a pas été fait. Certains partis politiques (Les Insoumis, LR) estiment que c’est un mensonge d’État et, si ce n’est pas le cas, que le gouvernement rende des comptes au Parlement et que le Premier Ministre s’exprime.

L’image politique du Président risque d’être écornée, à moins qu’il reprenne la main très, très vite. Quand le fera-t-il ? Quelle sera la communication ou non en direction des Français ? L’affaire Benalla sera-t-elle l’équivalent pour le Président Macron de l’affaire Leonarda pour François Hollande ? La réalité politique et les faits ont souvent plus têtus que les belles intentions ou démonstrations en matière de rénovation intellectuelle. Le nouveau monde ne fait pas disparaître le vieux monde, le Président Emmanuel Macron doit apprendre à faire cohabiter les deux, tout en donnant une plus grande place au nouveau. Dans le nouveau monde, le Président Macron doit rester vigilant et faire cohabiter verticalité et horizontalité de l'opinion. L'affaire Benalla sera-t-elle une affaire politique ou bien restera-t-elle une simple affaire administrative liée au comportement d'Alexandre Benalla ?