Quel désenchantement que celui d’un pays qui a procuré de l’émerveillement à un continent avant de lui servir des scènes apocalyptiques dignes de fins des temps !

L’Afrique va-t-elle retrouver un jour son Zaïre authentique qui l’a émerveillée et égayée pendant des décennies ? Cette question mérite d’être posée car, aujourd’hui, à voir tout ce qui se passe en République Démocratique du Congo, ex-Zaïre, on se demande amèrement si les dieux de la gloire n’ont pas tout simplement déserté ce pays pour laisser la place aux démons du chaos. Ce constat se renforce dans la mesure où, les glorieux temps semblent s’être éloignés et relégués aux calendes grecques.

En effet, au 21ème siècle, parler de la RDC, c’est parler du travail des enfants, de l’exploitation des enfants, lesquels sont contraints de travailler durement sans manger, dans les champs de minerais, pour y extraire du cobalt, du diamant, de l’or pour les multinationales.

De même, de nos jours, la référence à la RDC renvoie à une guerre qui dure depuis vingt ans, sans que l’on ne sache quand elle finira. Et cette guerre en RDC, renvoie à son tour aux viols de masse de femmes et fillettes meurtries dans leur chair, avec l’émergence de ce concept de viols utilisés comme armes de guerre. Dans ce tableau très sombre de la RDC, et comme une lumière dans les ténèbres, l’utilisation des viols comme armes de guerre fait penser au Prix Nobel de la Paix 2018 le Dr Denis Mukwege, « l’homme qui répare les femmes », et à l’hôpital Panzi.

Pourtant, cette RDC, elle n’est pas celle que l’Afrique et le monde ont connu. Elle a été le pays de la gloire avant de devenir le pays de tous les mystères politiques.

Un passé glorieux pour un pays qui a illuminé l’Afrique et le monde

Au 20e siècle, c’est-à-dire, quelques décennies en arrière, la RDC appelée à l’époque Zaïre était le pays des grandes gloires intellectuelles et artistiques d’Afrique.

D’ailleurs, la production intellectuelle était si intense que dans le domaine théologique par exemple, les travaux du Professeur Godefroid Ka Mana Kangudie ont revêtu une autorité d’obédience internationale. Dans le domaine théologique toujours, dans la faculté de Théologie Protestante de Yaoundé fondée par dix Églises protestantes de différents pays africains, la toute première thèse de Doctorat en Théologie a été soutenue par un étudiant Zaïrois (Congolais) nommé Lumeya Ley Adisola.

Et que dire du domaine musical ?

Dans le domaine musical même, les artistes zaïrois constituaient l’âme protecteur qui recouvrait le continent africain à la manière d’un manteau pour bercer les Africains de leur berceau jusqu’au soir de leur vie ; dans le but d’adoucir leurs mœurs. Ces musiciens de l’âge d’or zaïrois (Congolais) sont-ils encore à présenter ? Le Seigneur Tabu Ley Rochereau ; l’orchestre le Zaïko Langa-Langa avec son égérie Papa Wemba, son village Molokaï et son slogan « Viva la Musica ». Le natif Angolais Sam Mangwana, l’Empire Bakuba et son lilliputien de danseur Emoro, Tshala Muana la Reine du Mutuashi…, pour ne citer que ceux-là. Grâce à ces gloires de la Musique africaine, le Zaïre était le berceau de la Rumba, et il était évident à l’époque que le soleil brillait plus à Kinshasa, que dans n’importe quelle autre capitale du continent africain, devenant ainsi, la ville des rêves de tous les jeunes Africains des années 1970-1980.

Et puis, le Zaire (actuelle RDC), c’était aussi le pays du charismatique président de la république, le Maréchal Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga, - ce qui veut dire, « Mobutu le guerrier qui va de victoire en victoire sans que personne ne puisse l'arrêter » - sans doute en référence à Napoléon Bonaparte, dit l’Aigle, Premier Empereur des Français.

Les Africains se souviennent du maréchal Maréchal Mubutu, mystérieux président de la République Zaïroise, arborant toujours un chapeau dont le tissu était aux motifs de peau de léopard son animal symbole, ainsi qu’une canne, symbole de pouvoir dans les civilisations africaines. Autant de tenues d’apparats qui en rajoutaient à son mystère et consolidaient le rayonnement et la puissance du pays qu’il dirigeait.

Le Maréchal Mubutu, dont on disait qu’il était aussi un homme à femmes a dirigé son pays d’une main de fer, il a émancipé son peuple, il a enjolivé la ville de Kinshasa, et de son vivant, tout son souhait a été de faire de ce pays, un paradis sur terre.

Aujourd’hui, le Zaïre glorieux du Maréchal Mobutu est devenu une vraie réalité nostalgique. La désolation y règne. Et tout donne à penser qu’avec le changement du nom Zaïre en RDC, c’est le bonheur qui a cédé la placé au malheur. Ravagé par la guerre, la RDC est devenue le pays des mystères politiques.

Un pays ravagé par la guerre, englouti dans des mystères politiques

L’Est du pays est aux rebelles qui ont pris en otage non seulement les populations mais encore les richesses du sous-sol qu’ils livrent à un honteux trafic.

Il y a un déplacement massif de populations fuyant les hostilités. Les plantations n’étant plus cultivées, la crise économique a gagné du terrain au sein des agriculteurs. La pauvreté a augmenté dans un des pays les plus riches de la planète. A ce déclin économique, s’ajoute le déclin politique avec son lot de mystères suscitant de nombreuses questions. En effet, comment comprendre qu’un mandat présidentiel à la déchéance du terme avéré continue de produire ses effets au point de s’éterniser à n’en plus finir ? Et comment comprendre qu’une élection présidentielle annoncée ne soit jamais tenue et toujours repoussée ? Dans l’absolu même, dans une ville de Kinshasa aussi grande que n’importe quelle métropole du monde, y a-t-il une logique dans l’incendie de l’entrepôt contenant le matériel électoral ?

Kinshasa serait-elle si étroite que l’incendie n’affecte que cet endroit-là ; uniquement ? Et cet incendie, pourquoi s’est-il déclenché seulement à une semaine du scrutin ? Que fait-on pour élucider l’origine d’un tel incendie ?

La chasse aux opposants comme Moïse Katumbi peut-elle crédibiliser le processus démocratique? Garantit-elle l'alternance démocratique et l’équilibre des pouvoirs au sein de l’État ? Et maintenant, dans un pays avec une population majoritairement analphabète, quel intérêt pour le vote électronique adopté par le gouvernement de Joseph Kabila ? L’exclusion de plusieurs candidats au scrutin a-t-elle en elle-même un début d’explication ?

Autant de questions sans réponses qui amplifient les mystères politiques dans un pays prospère jusqu’à une époque récente.

La classe politique de tous bords est appelée a se ressaisir pour remettre ce beau pays sur la voie du progrès. Dit autrement, ce pachyderme qui marche par la tête doit être remis sur pied. Pour le bonheur de toutes et tous.