La présidence de la République n'en a pas fini de baver avec Alexandre Benalla. Disparu des radars depuis son audition devant les parlementaires, l'ex-collaborateur de l'Elysée fait à nouveau parler de lui. En cause, un voyage au Tchad peu avant Emmanuel Macron et l'utilisation de passeports diplomatiques qu'il assurait avoir remis à son départ.
Il faut dire qu'il s'agit du dossier qui a déréglé le quinquennat Macron ! Un dossier que l'exécutif avait cantonné cet été au simple dérapage d'un personnel de l'Elysée, et qui pourrait bien se transformer de l'avis de certains politiques en une véritable affaire d'Etat avec les révélations faites par Mediapart autour des passeports diplomatiques dont se serait servi Alexandre Benalla.
Mais, à l'opposé de ce qu'a laissé entendre l'ancien proche du chef de l'Etat dans son interview sur Mediapart, l'Elysée tient à rester ferme et dément catégoriquement avoir détenu les deux passeports diplomatiques ou les lui avoir restitués en octobre dernier ! Le Quai d'Orsay a pour sa part saisi le parquet de Paris qui a ouvert une enquête préliminaire pour abus de confiance.
Alexandre Benalla, fossoyeur de l'Elysée
A noter que dans le fond de ce que la presse appelle désormais l'acte 2 de l'affaire Benalla, l'Elysée accuse Alexandre Benalla d'entretenir "tout un faisceau de contrevérités et d'approximations" sur ses agissements et ses relations avec la présidence depuis son licenciement en juillet dernier.
Objectif affiché, mettre l'ancien chargé de missions bien en face de ses responsabilités.
Lors de son passage devant la commission des Lois du Sénat, le 19 septembre dernier, le "Monsieur Sécurité" d'Emmanuel Macron déclarait avoir laissé ses deux passeports dans son ancien bureau à l'Elysée. Une version mise à mal par les révélations de l'utilisation des-dits passeports dont il dit désormais se les être vus restitués en "début octobre" : un mensonge pour nuire au pouvoir.
Le Sénat en embuscade
Et déjà au Sénat, les voix s'élèvent pour demander des explications à l'Elysée ! La commission d’enquête ouverte dans la chambre haute n’exclut donc pas la possibilité de prolonger les prérogatives à elle octroyées pour un nouveau semestre. Sénateur LR de la Moselle, François Grosdidier estime même que l'affaire des passeports pourrait justifier la création d’un nouveau champ d’enquête.
Sur les réseaux sociaux et dans les médias, de nombreux sénateurs se sont, en tout cas, montrés très favorables à l'ouverture de toutes « nouvelles auditions » pour éclaircir la situation, et saisir la justice le cas échéant en cas d'éventuels soupçons de parjures. Pour rappel, la peine encourue pour un faux témoignage est de 5 ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende.