Il y a de cela 40 ans, le 6 janvier 1979, Valérie Giscard d’Estaing réunissait à la Guadeloupe l’Allemand Helmut Schmidt, le Britannique James Callaghan et l’Américain Jimmy Carter. Ce club des quatre décidait à propos de l’Iran, d’abandonner le Shah et d’ouvrir la voie à Khomeiny. Le peuple iranien sombrait du crépuscule à la nuit profonde.
Des millions d’Iraniens écrivaient dans les rues une nouvelle page d’histoire remplie d’un espoir fou de liberté et de justice. Hommes et femmes, côte à côte, minorités ethniques et religieuses. L’Iran était un seul cri, un seul cœur.
Et puis les ténèbres sont tombées, en l’espace de deux ans. L’intégrisme s’est installé sur une mer de sang, un trône de souffrances, de guerres, d’exécutions et de terrorisme.
Politique de complaisance
L’Occident qui avait adoubé Khomeiny n’a rien dit. Le sommet de la Guadeloupe avait inauguré la politique de complaisance.
Depuis 40 ans ont passé, beaucoup de sang a coulé sous les ponts. La dictature religieuse iranienne a étendu ses tentacules sur tout le Moyen-Orient et l’ange de la mort a recouvert le Liban, l’Irak, la Syrie, la Palestine et le Yémen. Après la gangrène des attentats terroristes à grande échelle, cette région est durement balafrée par les guerres par procuration des mollahs et celles qui drainent les gardiens de la révolution et leur technique de terre brûlée.
Et comme si cela ne suffisait pas à Téhéran qui cherche à asseoir un califat mondial du fanatisme islamiste, les attentats ont secoué l’Europe jusqu’à l’Amérique latine. Le terrorisme est un pilier de la politique étrangère des mollahs. L’Occident a enterré ses morts et n’a rien dit. Complaisance oblige. Tout juste quelques notices rouges d’Interpol et des condamnations en justice, vite oubliées.
Oublié comme les souhaits de liberté des Iraniens, comme leur rejet de la dictature religieuse, comme leur volonté de changer de régime. En 2009, en pleine manifestation dans les rues de Téhéran, les Iraniens s’adressaient à Obama : « Avec eux (les mollahs) ou avec nous ? » La réponse d’Obama a été tragiquement négative et les mollahs ont refermé l’étau sur leur peuple.
Un tournant, une alternative
Avec l’élection de Donald Trump, la politique de l’autruche et de la complaisance prend fin. Les Etats-Unis annoncent qu’ils ne protégeront plus le régime des mollahs, qu’ils ne veulent plus de compromis ni de l’accord bancal nucléaire qui offrait un boulevard à Téhéran et une manne de millions de dollars. Une pluie de sanctions s’abat sur le parrain mondial du terrorisme, coupant les fonds qui lui permettaient de financer les milices chiites cruelles en Irak, la guerre et les carnages en soutien à Bachar Assad, son golem du Hezbollah, le Hamas à Gaza et les Houthis qui mènent le conflit sanglant du Yémen.
Blessée, la bête réagit par du terrorisme. En mars 2018, elle vise par le biais de son ambassade, un rassemblement de son opposition démocratique, les Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK) à Tirana, en Albanie, où a été évacué d’Irak en 2016 le plus gros contingent de ces combattants de la liberté de l’Iran.
L'attentat qui se voulait spectaculaire échoue grâce à la vigilance de plusieurs services de renseignement. Le 30 juin 2018, le régime, toujours par le biais de ses diplomates terroristes, élabore un plan d’attentat à la bombe contre le rassemblement du Conseil national de la résistance iranienne, dont l’OMPI est le membre principal, dans le nord de Paris cette fois. Des dizaines de milliers d'Iraniens sont réunies à Villepinte, aux côtés de centaines de hauts dignitaires occidentaux et d’anciens ministres et de dirigeants en fonction. A nouveau, une collaboration étroite de plusieurs services neutralise cet attentat qui visait des centaines de morts. L’enquête aboutira à de nombreuses arrestations, dont celle d’un « diplomate ».
Puis il y aura d’autres tentatives au Danemark, aux USA. Des assassinats d’opposants ont aussi eu lieu en Hollande. L’UE vient de prendre des sanctions contre le terrorisme et a mis sur sa liste noire un organe du ministère du renseignement iranien. Premier pas, mais insuffisant, qui cependant témoigne d’un changement d’orientation.
A Villepinte, tous étaient là pour soutenir l’alternative démocratique que dirige Maryam Radjavi et son plan en 10 points pour un Iran libre : démocratie, des élections libres 6 mois après la chute du régime, séparation de la religion et de l’Etat, égalité femmes/hommes, abolition de la peine de mort, fin des discriminations ethniques et religieuses, protection de l’environnement, coexistence pacifique dans la région, respect de la propriété privée, coopération économique pour la reconstruction du pays ravagé par 40 ans d’intégrisme islamiste.
40 ans de Résistance
C’est un long chemin qui en 40 ans a conduit cette résistance, munie d’un programme, d’un parlement en exil en majorité féminin et de dirigeants compétents, hors des massacres de grande ampleur – 120.000 exécutions politiques et une multitude d’attaques, de bombardements et d’attentats terroristes – hors des listes terroristes européennes et américaines sur lesquelles la politique de complaisance l’avait faite inscrire et vers une reconnaissance internationale avec la création d’un mouvement de soutien s’étendant des USA au Canada, à toute l’Europe et au Moyen-Orient.
Des campagnes menées tambour battant avec des partisans iraniens dévoués dans la diaspora et surtout en Iran ont permis à la résistance iranienne de se faire connaître et surtout de faire entendre le peuple iranien qui manifeste et se soulève sans le moindre répit depuis janvier 2018.
Quarante ans après, début février les Iraniens en Europe font faire retentir leurs voix. Le 8 février à Paris, dès 14h, ils vont défiler en nombre dans une manifestation pour condamner le terrorisme des mollahs, les violations des droits humains et réclamer la reconnaissance de leurs droits à résister et à vivre libre.
Le 13 et 14 février un nouveau sommet international se tiendra à Varsovie. Les Etats-Unis convoquent le monde pour se pencher à nouveau sur l’Iran. Cette fois-ci les Iraniens et leur résistance comptent bien donner de la voix pour que soient pris en compte leurs demandes légitimes de changement de régime et de reconnaissance de l’alternative démocratique qui a fait la preuve de sa compétence.