Depuis l’empire ottoman fondé à la fin du XIIIème siècle, la Turquie a toujours été une puissance incontestée. Cependant, ces dernières années, la Turquie semble s’être quelque peu affaiblie à cause de divers facteurs sociaux et géopolitiques.
La Turquie, une puissance affaiblie
Alors que la Turquie connaît actuellement des tensions avec l’Union européenne, le pays s’est toujours illustré comme ayant une influence indéniable, notamment durant la période de gloire de l’empire ottoman.
Cependant, ce rayonnement turc s’affaiblit de plus en plus, particulièrement auprès de l’Union européenne, à laquelle elle aspire entrer depuis 1987.
Dernièrement, le président turc, Recep Tayyip Erdogan a fait savoir qu’il désapprouve les propos relatifs au droit à la caricature du président français, Emmanuel Macron, suite à l’attentat survenu le 16 octobre en France.
Le secrétaire d’État aux Affaires européennes, Clément Beaune, a annoncé que des sanctions économiques de l’Union européenne étaient envisagées. La France propose notamment de supprimer l’union douanière entre l’Union européenne et la Turquie.
L’affaiblissement du pouvoir turc se fait sentir, mais ce déclin remonte dès la chute de l’empire ottoman au début du XXème siècle.
L’empire ottoman connaît son apogée lorsque Solimane Le Magnifique prend le pouvoir en 1521. De son accession au pouvoir jusqu’à son décès en 1566, l’empire ottoman fut l’État le plus puissant du monde.
Cependant, après des siècles de gloire, l’empire ottoman commence à faiblir lorsque des révoltes et des soulèvements militaires commencent à surgir, dès le début du XVIIème siècle. L’empire connaît un vrai déclin à la fin du XIXème siècle, lorsqu’il diminue territorialement.
En 1912, la guerre balkanique éclate. La ligue balkanique, qui réclame son indépendance et désire faire reculer l’empire ottoman, est formée de la Serbie, la Bulgarie, la Grèce et le Monténégro.
Elle bénéficie de l’appui de la Russie. L’empire ottoman est incapable de résister et se démantèle peu à peu.
Le premier pays des Balkans à s'être soulevé contre l’empire ottoman fut l’Albanie. Le peuple albanais a lutté pendant des années par de nombreux mouvements de rébellion contre l’empire ottoman. Après une ultime révolte, l’Albanie a proclamé son indépendance le 28 novembre 1912.
Depuis son indépendance, l’Albanie connaît des relations spécifiques avec la Turquie.
Les relations particulières entre la Turquie et l’Albanie
La Turquie et l'Albanie ont toujours eu des relations particulières. Au cours de l'après-guerre froide, les complexités géopolitiques et les conflits dans les Balkans occidentaux ont amené l’Albanie à rechercher un pouvoir protecteur auprès de la Turquie, membre de l’OTAN depuis 1951.
Durant les années 1990, les relations entre la Turquie et l’Albanie ont été marquées par un accord de coopération militaire entre les deux pays, signé le 29 juillet 1992. Cet accord prévoyait l’éducation et la formation du personnel, une coopération bilatérale en matière de production d’armes, des exercices militaires conjoints, l’échange de délégations militaires et des commissions mixtes sur le renforcement futur des relations militaires.
Le 1er avril 2009, l’Albanie adhère, après des années de collaboration, à l’OTAN.
Cette adhésion a été vivement soutenue par la Turquie. L’Albanie est rapidement devenue un producteur de sécurité et un vecteur stabilisateur au-delà même de ses propres frontières. L’Albanie, suite à son adhésion à l’Alliance, s’est notamment engagée à promouvoir la stabilité et la paix dans les Balkans occidentaux afin d’assurer le développement de l’Europe : “ À l’heure actuelle, elle [l’Albanie] est considérée comme un pays sûr dans la région, où elle joue un rôle pour la paix et la stabilité”, relève Amant Josifi, ancien conseiller auprès du ministre de la Défense d’Albanie, qui a notamment oeuvré pour promouvoir l’action de son pays au sein de l’OTAN.
L'émergence de l’Albanie dans les Balkans occidentaux en tant que partenaire clé de l’OTAN a contribué à de plus solides relations albano-turques.
La Turquie a toujours soutenu l’Albanie depuis les années 1990 sur des questions liées à l’Union européenne, les deux pays visant l’adhésion à l’UE comme un objectif commun. Alors que l’Union européenne a accepté d’ouvrir les négociations en vue de l’adhésion de l’Albanie en mars 2020, la perspective d’une prochaine adhésion de la Turquie s’est éloignée ces dernières années.
Des actions engagées pour réaffirmer sa puissance
La Turquie entend bien prouver sa puissance au sein de l”Europe. À ce titre, le pays prévoit des actions fortes afin de s’affirmer.
Récemment, le président turc Recep Tayyip Erdogan a pris position quant à la division du territoire de Chypre. En effet, depuis 1974, l’île méditerranéenne est divisée entre le Sud (appelée la partie grecque) et le Nord (la partie dite turque) à la suite de l’invasion des forces turques. La découverte de gisements gaziers au large des côtes chypriotes a notamment ravivé les tensions dans cette zone convoitée.
Le 15 novembre dernier, le président turc, lors d’une visite dans le Nord de Chypre, a préconisé la création de deux États à l'île : “Il y a deux peuples et deux États séparés à Chypre. Il faut des pourparlers pour une solution sur la base de deux États séparés” a-t-il affirmé lors d’un discours dans la capitale.
Selon lui, une réunification de l’île sous forme d’un État fédéral est désormais impossible.
Recep Tayyip Erdogan s’est également opposé aux dernières mesures prises par la France. En effet, ces dernières semaines, les tensions entre la France et la Turquie sont vives. Suite à l’attentat survenu le 16 octobre en France, le président Emmanuel Macron s’est exprimé en défendant le droit à la caricature dans le territoire français. Des propos fermement condamnés par le président turc, qui a appelé le peuple turc à boycotter les produits français.
Face à ces tensions, l’Union européenne s’est montrée solidaire avec la France. La possibilité de sanctions économiques à l’encontre de la Turquie est discutée au sein de l’Union européenne.