Le sommet international au Nigéria sur la sécurité internationale qui a rassemblé en avril 2016 les chefs d’Etat du Nigéria, du Bénin, du Cameroun, du Tchad, du Niger, du Gabon et de la France, doit fonder une nouvelle coopération entre la France, le Nigéria et le reste de l’Afrique en matière de lutte contre le terrorisme. La participation du président Ali Bongo Ondimba à ce sommet montre que la sécurité et la lutte contre le Terrorisme dépassent la protection des pays comme le Tchad, le Nigéria ou le Cameroun qui sont directement concernés par le terrorisme.

Pour le Président Hollande les résultats sont impressionnants, les capacités d’intervention de Boko Haram ont été amoindries mais ce groupuscule reste une menace et il est urgent de créer les conditions pour une stabilité durable en Afrique.

Une aide

La présence française au cours du sommet d’Abudja montre que les Africains ont beaucoup de mal à lutter efficacement contre le terrorisme car ils sont mal outillés sur les plans du renseignement, des ressources humaines et des capacités technico-militaires. L’alliance récente entre Boko Haram et le groupuscule islamiste Daesh montre que les terroristes tissent leur toile aussi bien en Afrique du Nord, que dans le Sahel et peut-être demain dans d’autres régions d’Afrique dont l’Afrique centrale.

L’arrivée au pouvoir de Muhammadu Buhari en 2015 au Nigéria a permis à l’armée de remporter de grandes victoires sur les islamistes mais les hommes d’Abubakar Shekau (le chef de Boko Haram) continuent de semer la mort sur leur passage à cause des bombes et des attentats-suicides.

Une nécessité

Malgré leurs souverainetés et leurs volontés politiques de discuter d’égal à égal avec la France en matière de sécurité, les faits réels sur les champs de bataille contre le terrorisme montrent que, ni le Nigéria, ni le Cameroun et encore moins le Tchad et peut-être demain d’autres pays en Afrique, ne peuvent vaincre individuellement Boko Haram.

La coopération avec la France, par l’intermédiaire de l’accord politique du G5 Sahel (Mali, Burkina Faso, Tchad, Mauritanie, Niger), est une réponse politique, militaire, stratégique et financière pour lutter contre le terrorisme. La participation de la France à ce modèle régional de coopération militaire doit obliger les Africains à réviser leur doctrine en matière militaire.

La force africaine en attente doit être une réponse de long terme qui tarde à venir et qui ne correspond pas à l’exigence du moment, à savoir renforcer la sécurité des Etats face au terrorisme.

L’intervention française est nécessaire. La France n’envahit pas les pays africains mais met à leur disposition des outils conceptuels et pratiques de l’intensification de la lutte contre le terrorisme. La France, pour des raisons historiques, a fait évoluer son positionnement militaire en Afrique après les accords militaires visant à sécuriser les régimes politiques en Afrique. On est passé progressivement de missions de sécurisation des régimes politiques grâce à la présence de bases françaises, à une conception plus ouverte de coopération dans le milieu des années 1990 grâce au système RECAMP (renforcement des capacités africaines de maintien de la paix).

La force RECAMP a évolué car elle est inadaptée face à la menace terroriste qui implique des conflits asymétriques et des moyens nouveaux de la part des Etats africains qui sont souvent confrontés aux problèmes de sécurité interne, et aujourd’hui de sécurité externe avec le terrorisme.

Un nouveau départ

La coopération française en matière de lutte contre le terrorisme doit être le point de départ d’une réflexion nouvelle en direction de l’Afrique pour la construction d’une force armée régionale à moyenne portée à cause des exigences de la lutte contre le terrorisme. Il est difficile pour l’instant de parler d’une force armée africaine toujours en attente en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme. La France doit inciter ses partenaires africains à une réflexion plus dynamique en faveur des armées régionales africaines.