Le PS se prépare à une longue traversée du désert dans l’opposition, quel que soit le vainqueur de la primaire.
Valls est pour un revenu décent dont il ne chiffre pas le coût réel. Il soupçonne Hamon de dépenser 300 milliards pour son revenu universel. Valls traite Hamon de marchand de sable et d'illusionniste. Valls est incompréhensible: il dit vouloir rassembler la Gauche, surtout le PS, mais dans le même temps il récuse le soutien à Hamon si celui-ci arrivait en tête dimanche 29 janvier. Valls est toujours incompréhensible car il donne l’impression de rompre le pacte de rassemblement accepté par tous.
A quoi sert donc un deuxième tour et à quoi sert la primaire ? Il ne suffit pas de dire que l’on défend des convictions pour être crédible, sinon cela se saurait, il ne suffit pas de dire que l’on a des habits de présidentiable parce que lui, Valls, a été Premier Ministre.
Deux gauches
Il y a donc deux Gauches et le débat est enfin là alors que Valls et Hollande voulaient l’éviter. La force de rappel des militants a été bénéfique et Valls est obligé de sortir du bois et de mettre sur la table ce qu’il est réellement. Certains le trouvent autoritaire, ambigu et changeant. Le 49.3 ou la défiscalisation des heures supplémentaires à la Sarkozy sont là pour le démontrer. Valls peut gagner dimanche 29 janvier.
Aidons-le à mieux comprendre l’idée du revenu universel élaboré par un libéral anglais, Thomas Moore, au 16ième siècle, dans son livre « Utopia ». Valls est un social-libéral, il devrait être content et non dénaturer une idée libérale qui, sans être comprise, peut conduire à une paresse intellectuelle et à une non-explication aux militants socialistes.
L’idée de Thomas Moore partait d’un principe simple : comment à la fois permettre au système productif naissant au 16ième siècle en Angleterre de continuer à fonctionner et en même temps lutter contre les inégalités définies par la pauvreté. La question pour Valls est d’abord d’en comprendre la philosophie avant de poser le problème du financement, même si on est pour un socialisme de gouvernement.
Il ne s’agit pas d’attribuer 500 ou 700 euros à tout le monde. Manuel Valls était d’ailleurs d’accord avec une revenu minimum universel pour les jeunes dès 18 ans. Dans ce domaine, il faut expérimenter les catégories d’âge, les populations retenues et les zones d’expérimentation. Ensuite, il faut regarder de très près comment abonder ce système, qui est peut-être utopique mais qui, du point de vue de l’analyse libérale (Milton Friedman, Prix Nobel d’économie de l’Université de Chicago), peut apporter des réponses au système productif et à la consommation des ménages. Des pays, comme la Finlande, expérimentent le revenu universel.
Des idées
Plusieurs pistes peuvent être mises en avant, comment je l’avais déjà énoncé dans un article du 26 mai sur ce thème.
Il s’agit grosso modo de refonder le système fiscal existant, de regarder de façon attentive toutes les niches fiscales et de mettre en place un système de taxation et de prélèvement qui n’impacte pas l’augmentation des dépenses publiques comme semble le dire, pour des raisons politiques, Manuel Valls. La connaissance économique est partout à l’ère du numérique et des nouvelles technologies. Il suffit de sortir de la paresse intellectuelle, de faire des fiches et de se faire sa propre analyse, aidé en cela de spécialistes de la question.
Hamon a peut-être eu une idée géniale en allant piocher dans le bréviaire libéral (pour un homme de gauche, bravo l’artiste) mais il peine à expliquer clairement la philosophie, le fonctionnement et le financement du revenu universel.
De toutes les façons, monsieur Valls ressaisissez-vous, soutenez Hamon si c’est lui qui arrive en tête et vice-versa. Dans tous les cas, le PS perd ses militants et se prépare à une longue traversée dans l’opposition pour ne pas avoir su clarifier très tôt son projet, son programme et sa ligne politique.