Après le silence des premiers jours, l'entourage de François Fillon a décidé de défendre son candidat à la présidentielle. Pas vraiment le choix, à vrai dire, puisque l'affaire a parfois pris beaucoup plus d'importance dans les médias que le second tour de la primaire de la gauche, qui se déroule aujourd'hui. Toujours soupçonnée d'avoir occupé plusieurs emplois fictifs (d'assistante parlementaire et de chroniqueuse littéraire), Penelope Fillon est pourtant venue soutenir son mari, qui donnait un grand meeting de campagne à La Villette ce dimanche.

Une standing ovation lui a même été réservée par les 10 à 12.000 personnes présentes dans la salle. Un bouquet de fleurs lui a été remis, et pendant que la foule scandait "Penelope, Penelope", la presse en oubliait presque la présence au premier rang d'Alain Juppé, le rival malheureux de François Fillon le mois dernier. Ce meeting parisien était destiné à relancer la campagne du candidat de la droite et du centre, désormais entachée par une enquête du Parquet National Financier pour "détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits", et que de nombreux observateurs trouvent molle et peu intéressante.

Pour la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse (LR), François Fillon est "un homme intègre et droit". Très proche du candidat, elle ignorait cependant que Penelope travaillait pour son mari au Parlement il y a quelques années. Pour Eric Ciotti, l'affaire "ne concerne ni directement, ni personnellement" l'ancien Premier Ministre.

François Fillon défend son épouse en meeting à La Villette

Face à ses soutiens, le candidat des Républicains a dénoncé un coup monté destiné à détruire sa campagne électorale et sa candidature : "Depuis le début, Penelope est à mes côtés, avec discrétion, avec dévouement. J’ai construit mon parcours avec elle. Nous n’avons rien à cacher. (...) Si on veut m’attaquer, qu’on m’attaque droit dans les yeux, mais qu’on laisse ma femme tranquille.

(...) C’est plus que ma personne qui est dans leur viseur : c’est une haute idée de la France qu’on veut abattre en vol". En effet, comme il le sous-entend ici, François Fillon est le favori pour remporter le second tour en Mai prochain en cas d'élimination de la gauche face à Marine Le Pen.

L'enquête : de nouvelles révélations

Après une première visite au parquet, l'avocat de François Fillon, Maître Antonin Lévy, s'est déclaré "confiant" sur l'issue de l'enquête inquiétant l'épouse de son client. Sur TF1 jeudi soir, le candidat de droite se justifiait déjà, notamment sur le poste d'assistante que Penelope aurait occupé en 2012 alors que lui-même était Premier Ministre : "Quand j'ai eu un collaborateur qui est parti, je l'ai remplacé par Penelope".

Une embauche qui n'a rien d'illégal. Aux juges maintenant de déterminer si cet emploi était fictif, ou non.

Mais ce dimanche 29 Janvier, Mediapart et Le Journal du Dimanche ont mis la main sur une nouvelle affaire qui pourrait, elle aussi, inquiéter François Fillon. En effet, entre 2005 et 2007, ce dernier aurait encaissé plusieurs chèques normalement destinés à la rémunération de ses assistants lorsqu'il était sénateur. Le montant total s'élèverait environ à 21.000 Euros, et aurait été versé par une association - actuellement dans le viseur de la Justice - en tant que reliquats de crédits. Une enquête sur ce système occulte, qui durerait depuis 15 ans, a d'ailleurs déjà mis en examen 3 parlementaires, mais elle porte sur une période postérieure à la présence de François Fillon sur les bancs du Sénat. Ce dernier a finalement déclaré qu'il ne répondrait désormais plus "qu'à la Justice".