Paris 15ème, 16h10. François Fillon prend la parole à la tribune de son QG de campagne devant près de 200 journalistes. Englué dans une polémique d'emplois fictifs qui pèse sur son épouse, le candidat investi par la droite et le centre va maintenant devoir officiellement s'expliquer. A-t-il engagé sa femme à un faux poste d'assistante parlementaire ? Quelle décision va-t-il prendre dans la course à l'Elysée ? Va-t-il se retirer pour laisser la Justice faire librement son travail ? Va-t-il s'accrocher contre vents et marées jusqu'au scrutin du 23 Avril et tenter de sauver sa candidature ?
Les questions sont nombreuses depuis plusieurs jours...
En introduction de sa déclaration face à la presse, François Fillon rappelle que les attaques "infondées" dont il fait l'objet sont "d’une violence inouïe (...), du jamais vu sous la Ve République", ajoutant que tous les faits étalés ces derniers jours sont pourtant "légaux et transparents".
Un salaire justifié
Puis, le candidat des Républicains évoque les interrogatoires qu'il a subis de la part du Parquet National Financier, d'une durée de 4 heures pour lui, et 5 heures pour son épouse, en répétant les déclarations faites aux enquêteurs : "Oui j’ai employé mon épouse comme collaboratrice, et elle est ensuite devenue collaboratrice de mon suppléant".
François Fillon détaille également les tâches qui incombaient à ce poste d'assistante parlementaire : la gestion du courrier, l'organisation des interventions et visites sur le terrain de sa circonscription, et les différents rendez-vous, pour un salaire "parfaitement justifié parce que son travail était indispensable à mes activités d'élu".
Mais le candidat de droite n'oublie pas de faire son mea culpa, en ouvrant le débat sur les postes occupés par les proches des parlementaires. Ce qu'il qualifie de "question éthique" est désormais rejeté par la population, ce dont François Fillon est conscient, même si selon lui, la confiance que l'on accorde à un membre de sa famille est différente.
Il ajoute solennellement : "J'ai privilégié cette collaboration de confiance, qui aujourd'hui suscite la défiance. C'était une erreur. Je le regrette profondément : je présente mes excuses aux Français".
Pour prouver sa bonne foi, il promet de publier son patrimoine, mais aussi le tableau des rémunérations de Penelope Fillon sur son site de campagne dans la soirée. François Fillon évoque aussi sa société de conseil, qui fait l'objet de rumeurs, et affirme n'avoir "aucune entreprise russe" parmi ses clients.
Des propositions pour réformer la vie politique
Le candidat des Républicains annonce également qu'il souhaite refonder le système régissant la vie politique française. Pour cela, s'il devient le prochain président de la République, il ne rétablira pas le cumul des mandats, et proposera à la population, via un référendum, que le nombre total de parlementaires soit revu à la baisse.
Non, François Fillon ne renoncera pas, et compte bien être présent dans les urnes le 23 Avril prochain, "parce qu'une majorité ne veut pas choisir entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen".
Enfin, lorsqu'une journaliste lui demande pourquoi Penelope Fillon a déclaré, à la télévision anglaise, qu'elle ne s'occupait jamais des affaires politiques de son mari, ce dernier rappelle simplement que "c’était dans une émission en anglais pour un public anglais". A la question de savoir si il compte rembourser les sommes que sa femme aurait touchées pendant ses années de collaboratrice parlementaire, la réponse de François Fillon est ici sans appel : il refuse, "ma femme a travaillé et elle en a fourni la preuve".
Enfin, il voit dans cette polémique "une opération destinée à détourner l'attention de nos concitoyens des véritables enjeux. Le crime profite à ceux qui ne veulent pas que la droite soit présente à l'élection présidentielle".