Dans moins de 4 semaines, nous connaîtrons l'identité des deux candidats qualifiés pour le second tour de l'élection présidentielle française. Les sondages sont, pour le moment, unanimes : Marine Le Pen (FN) et Emmanuel Macron (En Marche) seraient les heureux élus, réunissant environ un quart des voix chacun. Derrière, François Fillon (LR) est distancé à moins de 20%, et sa mise en examen est une épée de Damoclès qui pourrait s'abattre sur lui à tout moment. A gauche, deux candidats divisent les sympathisants, qui hésitent entre le socialiste Benoît Hamon et le leader de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon.
Beaucoup dans leurs camps déplorent l'absence d'une candidature commune à gauche, et les sondages tendent effectivement à leur donner raison. Depuis la semaine dernière, les courbes des deux candidats se sont croisées, si bien que Benoit Hamon n'est aujourd'hui crédité que de 12 à 13%, alors que Jean-Luc Mélenchon frôle les 15%. Le candidat du parti Socialiste n'arriverait donc... qu'en cinquième position. Si l'on ajoute à cela les nombreuses défections et autres retournements de veste en faveur d'Emmanuel Macron, la campagne électorale du PS devient de plus en plus difficile.
Benoit Hamon monte au créneau
Invité du 20 Heures de France 2 hier dimanche, le candidat du parti Socialiste n'a pas hésité à hausser le ton, en évoquant des "couteaux" plantés "dans le dos", et même un possible ralliement de l'ancien Premier Ministre Manuel Valls à son ex ministre Emmanuel Macron.
En coulisses, les soutiens de Benoit Hamon se montrent de plus en plus fébriles et hésitants : "On est très mal", "Ça devient compliqué, le risque d’un dévissage fatal existe", murmure-t-on Rue de Solférino, selon le quotidien Le Monde.
La seule issue de secours serait donc un rapprochement, suivi d'une alliance, entre Jean-Luc Mélenchon et Benoit Hamon.
Et le temps presse, comme l'a souligné le socialiste Vincent Peillon au micro de France Inter. Pour lui, "cette question va normalement se poser dans les jours qui viennent, elle se pose déjà chez les électeurs". L'ancien candidat à la primaire rappelle que son camp a toutes les chances d'être éliminé "dès le premier tour", mais sans dire pour autant lequel des deux candidats doit se retirer pour se ranger derrière l'autre.
Une candidature commune à gauche ?
De son côté, Benoit Hamon est convaincu d'aller "jusqu’au bout", boosté par des enquêtes d'opinion qui le donnent vainqueur face à Marine Le Pen en cas de second tour PS-FN. Il ajoute que l'organisation d'une primaire en janvier dernier donne à sa candidature la légitimité d'un "vote populaire". Appelant les électeurs de gauche à ne pas se tromper de bulletin le 23 Avril, il fustige la candidature d'Emmanuel Macron en la qualifiant de "folie".
Dans les rangs de la France Insoumise, c'est la percée de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages qui donne de la légitimité à la candidature de ce dernier, qui n'a pas l'intention de se retirer non plus. La gauche, telle qu'on l'a connue, de Jaurès à la gauche plurielle de Lionel Jospin en passant par le programme commun de François Mitterrand en 1981, semble dépassée, engluée dans ses divisions, avec le risque accru de devenir le fantôme du prochain quinquennat.