Didier Maïsto, patron de Sud Radio et Lyon Capitale, issu de Fiducial Médias, invité par TVlibertés, déclarait : "je vais faire ma Madame Irma". Pour lui, un second tour Fillon-Le Pen n'est pas du tout inenvisageable. Pour moi non plus et je ne crois pas que ce pronostic de Didier Maïsto ait été destiné à se concilier les invités de RTlibertés, dont la ligne rédactionnelle anti-Emmanuel Macron est l'une des caractéristiques flagrantes. RadioTvLibertés, c'est un peu comme Radio Courtoisie, mais en largement moins caricatural. Pour Didier Maïsto, le candidat d'En Marche, c'est "Benito Macroni", soit un "soft fascisme" marchant sur Paris.
Bon, après "Farid Fillon", j'ai vu passer un énigmatique "Sabal Binah Fillon" (référence maçonnique obscure), alors, pourquoi pas "Benito Macroni". Reste que Didier Maïsto est un garçon plutôt sérieux et qu'il n'en disconvient pas : "Macron est en tête". C'est ce que confirme la toute dernière compilation des résultats des instituts agréés de sondages par le Huffington Post. Macron est à 1,5 point devant Marine Le Pen, Fillon suivi de Mélenchon à deux points derrière elle. Écart maximal Mélenchon-Macron : 4,1 pts. Là, même en faisant jouer inversement les marges d'erreur, je parie un paquet de M&Ms que la configuration M-M (Mélu-&-Manu) reste fort improbable. Mais sait-on jamais ?
Avec des "votes cachés" pour ce duo, allez savoir…
Vote caché, vieux concept
Le vote caché, ce fut celui d'un électorat refusant de dire aux sondeurs qu'il votait Front national ou Jean-Marie Le Pen. Époque révolue. Il fut invoqué par Nicolas Sarkozy qui se voyait l'emporter sur Alain Juppé. La "veuve de Carpentras" (vieille dame boursicotant, abonnée au Journal des Finances) en décida autrement.
Mais elle pourrait s'abstenir, évitant de se rendre au bureau de vote de peur d'un attentat. Hypothèse nullement saugrenue, mais hautement marginale. À présent, selon partie de l'équipe de campagne de Fillon, le vote caché lui serait acquis. Tandis que pour les fervents de la Marine, c'est un bleu rassemblement derrière les "vrais sondages".
Malheureusement pour eux, sauf à les traquer sur des sites confidentiels, même le très controversé "institut" Filteris-Euromédiations, qui analyse les réseaux sociaux, donne Fillon devant Le Pen (suivis de Mélenchon, puis Macron), soit dans l'ordre, 22,09 ; 21,75 ; 21,11 et 19,92 pour le candidat fermant l'En Marche ! C'est en fait conforme aux résultats des sondages agréés si on triture les marges d'erreur. Croyez-vous que cela navre les fanas de Marine Le Pen ou François Fillon ? Pas du tout. C'est sûr, selon leur bord, c'est l'une ou l'autre largement au-dessus de 25 points (enfin, dans les 28-30). Mais il est tout à fait vrai qu'un institut avait donné MLP à 27%, soit jusqu'à 30 points en lui attribuant toute la marge d'erreur.
La question "insondable" est la suivante. Quelles répercussions ? Renforcement du vote utile ou du vote de conviction ? Si c'est plié, avec un second tour Fillon-Le Pen, pourquoi donc un partisan de Benoît Hamon voterait-il Mélenchon ou Macron ? Autant revenir à son intention initiale. Si cela ne le semble pas, mais paraît vraiment risqué, certaines et d'aucuns, voulant soutenir un "petit" candidat, ne vont-ils pas se résigner à voter "contre" celui ou celle leur convenant le moins ou pour la ou le moins détestable à leurs yeux ? Ainsi, sondeurs agréés, analyseurs ou consultations bidonnées se valent. Hamon peut sombrer à 6 ou remonter à 10, voire 15. Les "petits" candidats réunis n'obtenir plus que moins de 7.
Ou inversement, Hamon et la queue de peloton ne totalisant que bien moins de 15 points. Enfin, la perspective d'une cohabitation peut entraîner des votes "tactiques" totalement à l'inverse des convictions ancrées qui s'exprimeront lors des législatives. Le premier tour se jouera peut-être de 18 à 19 heures selon les localités. L'ultime Sondage BVA-presse régionale donne Macron et Le Pen au coude à coude, suivis de Mélenchon (profitant sans doute de revirements d'électeurs d'Hamon), et Fillon quatrième à 19 pts. Autant dire que tout pari sur les qualifiés pour le second tour reste formidablement risqué. Voter pour ses idées, d'accord, mais en traînant les pieds ou non ? Shakespearean! "Marron" (tel est surnommé Emmanuel Macron) quatrième ?
Et pourquoi pas Marine Le Pen élue dès le premier tour ? À deux petites décimales devant Jean-Luc Mélenchon ? Là, cessons le délire, cela serait ahurissant. Mais le classement à l'issue du premier tour, même s'il varie peu des résultats des instituts de sondage, peut paraître à beaucoup de monde véritablement ahurissant.