Pendant que Manuel Valls négocie son investiture aux législatives sous la bannière de la République en Marche, le mouvement d'Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon prépare la bataille à Marseille. Après avoir été battu au premier tour par Marine Le Pen dans le Nord à Hénin-Beaumont en 2012, il préfère aujourd'hui miser sur une circonscription facilement gagnable, à savoir la quatrième des Bouches-du-Rhône, qui couvre un nombre important de quartiers populaires du centre-ville marseillais. Alors que le leader de la France Insoumise a recueilli 24,8% des voix au premier tour de l'élection présidentielle sur l'ensemble de la cité phocéenne, le plaçant en tête, il a engrangé 39,1% des voix sur le quatrième secteur où il souhaite aujourd'hui se présenter.
Pour cela, il a rédigé un courrier destiné aux militants locaux de la France Insoumise : "Marseille a parlé fortement [lors de l'élection présidentielle, NDLR], alors même qu'on disait la ville plus tentée par le Front national. (...) Je suis donc disposé à prendre la tête de notre mobilisation pour les élections législatives à Marseille", propose-t-il ; on imagine mal les Insoumis marseillais refuser la présence de leur leader aux législatives sur leur territoire.
La colère de Patrick Mennucci
Cette quatrième circonscription des Bouches-du-Rhône était auparavant un bastion historique du parti Communiste, longtemps terre d'élection de Guy Hermet, l'ancien maire PCF des 15ème et 16ème arrondissements de Marseille.
Elle est actuellement détenue par Patrick Mennucci (PS) depuis 2012, et par le parti Socialiste depuis 2007. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le député actuel prend assez mal le parachutage de Jean-Luc Mélenchon sur ses terres, où il souhaite lui aussi se représenter.
Dans un long message publié sur Facebook, Patrick Mennucci fustige la décision du candidat de la France Insoumise, et l'accuse de se servir de Marseille comme d’un "marche-pied".
Il déplore également la volonté de Jean-Luc Mélenchon de mener un combat "gauche contre gauche", dans une circonscription où le Front National et Les Républicains n'ont aucune chance de l'emporter. En effet, Marine Le Pen n'y a recueilli que 21% au second tour de la présidentielle le 06 Mai, et François Fillon n'y a été soutenu que par 10,8% des électeurs au premier tour.
Patrick Mennucci ajoute que l'ancien président du parti de Gauche "ne reviendra jamais dans la circonscription" après l'élection, comme oublient souvent de le faire les élus parachutés. Le député marseillais déplore également les "petits arrangements" et une "manœuvre dans le microcosme politique marseillais", destinée à servir la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Il critique enfin certaines prises de position politiques de son nouvel adversaire, notamment sur l'Europe, les travailleurs détachés et le conflit en Syrie, le qualifiant de futur "député plateau télé".
De son côté, Jean-Luc Mélenchon défend son arrivée dans la cité marseillaise : "Oui, je suis parachuté partout. Je suis partout chez moi.
La France est ma patrie".
Les Républicains montent au créneau
A droite, Les Républicains ont également réagi à l'arrivée certaine du leader des Insoumis à Marseille, par la voix de leur présidente au Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône, Martine Vassal. Selon cette dernière : "Mélenchon, c'est le chaos. Nous lui résisterons". Elle fustige les idées de la France Insoumise, qu'elle qualifie d'extrémistes, au même titre que pourraient l'être celles du Front National, avec tous les "mensonges" et la "brutalité" que la mise en oeuvre de leur programme entraînerait.
La confirmation de la candidature de Jean-Luc Mélenchon à Marseille devrait être communiquée ce jeudi dans la journée, lors d'un déplacement du candidat dans la cité phocéenne.