Emmanuel Macron était encore en campagne présidentielle quand, en avril 2017, il avait assuré à l'un des survivants du massacre d'Oradour-sur-Glane, Robert Hébras, qu'il se rendrait dans le village aujourd'hui même pour commémorer l'horreur perpétrée par les Allemands dans la période de la Libération. Ainsi, en marge d'une visite dans la région, il devrait arriver dans ce village de Haute-Vienne vers 10 heures. Le protocole sera le suivant : le Président de la République devrait entrer dans le village aux alentours de 10 heures, puis il devrait se rendre dans la tristement célèbre église incendiée par les Nazis le 10 juin 1944.
Ensuite, il se rendra sur une des places du village afin d'observer une minute de silence dédiée aux victimes du massacre, puis prendra la parole sur l'esplanade du mémorial. Vers 12h30, Emmanuel Macron sera au cimetière d'Oradour-sur-Glane, devant le tombeau des victimes. Par la suite, il visitera le centre de la mémoire, inauguré en 1999 par Jacques Chirac. Enfin, vers 14 heures, il signera les livres d'or de la mairie et de l'association des familles de martyrs.
Qu'est-ce que le massacre d'Oradour-sur-Glane ?
Cette tuerie perpétrée par les Nazis avant leur départ de France est commémorée chaque année et, à de rares occasions, par les chefs d'Etat français et allemand conjointement. Mais que s'y est-il passé ?
Le 10 juin 1944, seulement 4 jours après le débarquement des Alliés en Normandie, les Allemands, en retraite tactique, se réfugient dans ce village de Haute-Vienne, non loin de Limoges. Cette division de SS décide de faire un coup d'éclat pour terroriser les populations, qui voient renaître l'espoir avec le débarquement allié, et elle le fait en s'inspirant des pratiques courantes sur le front de l'Est.
Il s'agit de porter un coup dur à la Résistance, avant de rejoindre les autres soldats allemands qui défendent la Normandie. Persuadés que les résistants cachent des armes dans les caves du village, les Nazis décident d'en finir et confinent une bonne partie du village dans l'église. Ils collent sur le bâtiment une charge explosive, qui ne suffit pas à faire s'effondrer l'édifice, puis envoient des grenades à l'intérieur.
Par dépit, ils mettent finalement le feu à l'église, brûlant tous les citoyens qui s'y trouvent. Bilan : 642 morts.
Seulement 3 visites présidentielles
Le massacre d'Oradour-sur-Glane a profondément choqué l'opinion publique, alors enthousiaste à l'idée de la Libération. Cependant, bien que l'événement soit commémoré chaque année, seulement 3 visites ont été données par des Présidents de la République un 10 juin. Le maire du village s'en désole, en rappelant les trois occasions de visite d'un président à Oradour-sur-Glane : " La venue d'un président pour le jour anniversaire est un fait rare. Cela ne s'est pas produit depuis 1994, à l'occasion du cinquantenaire du massacre, et précédemment en 1947, lorsque Vincent Auriol est venu le 10 juin pour poser la première pierre du nouveau village."
Pour le Président de la République, l'enjeu est important car il a promis aux Français, durant sa campagne, de respecter le devoir de mémoire vis-à-vis des tristes événements de la Seconde Guerre mondiale.
Ainsi, dans l'entre-deux tours de la présidentielle, il déclarait au Figaro : " Si je suis élu, je prendrai mes responsabilités mémorielles." Robert Hébras, l'un des derniers survivants du massacre, avait 18 ans quand les Allemands sont venus incendier les villageois : c'est lui qui a fait visiter Oradour-sur-Glane au président encore candidat, lequel lui a assuré qu'il se rendrait personnellement à la commémoration du massacre le 10 juin. C'est chose faite.