2,6% du Produit Intérieur Brut. C'est le chiffre du déficit public de la France pour l'année 2017 tel que le prévoit ce lundi l'INSEE (Institut National des Statistiques et des Etudes Economiques). Il s'agit d'une première depuis 10 ans, ce qui permet à l'Hexagone de respecter les directives drastiques des traités de l'Union Européenne, qui exigent un chiffre inférieur à 3% du PIB.
Rappelons que le déficit public est le résultat des balances comptables de l'Etat, des collectivités locales et de la Sécurité Sociale. En 2016, la France avait terminé l'année avec un déficit de 3,4%.
L'estimation de l'INSEE pour 2017 est d'ailleurs meilleure que celle du gouvernement. Après avoir annoncé une fourchette entre 2,7 et 2,8%, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait revu ses prévisions à 2,9% il y a quelques jours.
Les dépenses de la France ont pourtant augmenté l'an dernier de 2,5% après avoir déjà connu une hausse de 1% en 2016. Dans le détail, les frais de fonctionnement de l'Etat ont été impactés par la revalorisation du point d'indice dans la Fonction Publique en Février 2017, ce qui a entraîné une augmentation de 2,2% de ce type de dépenses, dont l'objectif peut toutefois être bénéfique pour notre économie.
La hausse des payes des fonctionnaires entraîne en effet davantage de consommation, utile à la croissance. Par ailleurs, les charges représentées par le versement des prestations sociales ont, elles aussi, progressé de 2,1%. Quant aux intérêts de la dette publique, ils ont diminué moins fortement qu'en 2016 (-3,7% contre -3,9% l'année précédente).
Nette hausse des recettes
Parallèlement, la France a enregistré une nette amélioration de ses recettes en 2017. Elles affichent une hausse de 4%, après avoir augmenté de 1,6% l'année précédente. Ce sont les impôts sur le revenu et le patrimoine payés par les Français qui ont permis à l'Etat d'enregistrer 5,2% de recettes fiscales supplémentaires en un an, contre +0,6% en 2016.
L'INSEE explique cette progression par "le dynamisme des transactions immobilières, et le paiement de la taxe foncière sur les propriétés bâties".
De son côté, l'impôt sur les sociétés a augmenté de plus de 8 milliards d'euros. Cependant, l'Institut National des Statistiques Economiques précise que la véritable hausse n'est que de 0,2 milliard d'Euros après application des crédits d'impôt et autres avantages fiscaux déduits après paiement auprès du Trésor Public.
2017 a également connu une progression de la consommation de ménages, ce qui a entraîné mécaniquement davantage de recettes liées à la TVA : 7,6 milliards d'Euros supplémentaires par rapport à 2016 très exactement. L'Etat, après avoir augmenté le montant de la taxe carbone, a également engrangé 2,6 milliards d'Euros de plus en un an grâce aux dépenses des Français liées à l'énergie et au carburant.
La dette publique toujours dans le rouge
Ces chiffres devraient enfin soulager Bruxelles, qui avait déjà accordé à la France deux délais supplémentaires en 2013 et 2015 pour faire parvenir son déficit public sous la barre des 3% du PIB, en excluant un troisième passe-droit. Une "procédure pour déficit excessif" avait même été lancée par le Conseil Européen. Aujourd'hui, cette menace ne pèse plus qu'au-dessus de l'Espagne.
En revanche, les derniers gouvernements français ne parviennent toujours pas à faire diminuer un chiffre-clé : celui de la dette publique, qui a encore augmenté de 65,9 milliards d'Euros en 2017, représentant désormais 97% du PIB, un montant inquiétant. La dette publique comprend l'ensemble des engagements financiers pris sous formes d'emprunts par l'État français, qui doit ainsi encore 2.218,4 milliards d'Euros à ses créanciers.