Après de longues semaines de travail dans les banlieues sur fond de montée des inégalités, Jean-Louis Borloo a remis jeudi à Édouard Philippe son rapport baptisé « Vivre ensemble - vivre en grand la République »... Des propositions dont s'inspirera Emmanuel Macron pour mener sa vaste politique des villes.
Le sujet commençait déjà à cristalliser la colère de certains élus de banlieues qui s'estiment, face à la campagne, les oubliés de ce début de quinquennat Macron.
Et il faut dire que le travail s'annonce ardu pour rétablir le minimum républicain en termes de services, de l'aveu même de l'ancien ministre chiraquien, qui s'est étonné de voir le système se mentir à lui-même.
En effet, ce sont 6 millions de personnes qui vivraient dans une "forme de relégation" à l'anti-chambre de la Nation, avec un effort public totalement "en berne". Les chantiers s'annoncent donc nombreux avec la nécessité forte d'une relance de la rénovation urbaine, la multiplication des efforts sur l'éducation, mais aussi, la lutte contre les risques d'apartheid en matière de mixité hommes-femmes dans les quartiers.
Une société à reconstruire
L'ancien élu de centre droit a appelé le gouvernement à rétablir "l'égalité républicaine" dans les quartiers. Car, on pourrait bien assister à une explosion de la fracture des territoires. Un taux de chômage non loin du triple de la moyenne nationale et des investissements publics très largement insuffisants, le constat est sans équivoque. Beaucoup ont perdu la foi dans un système devenu incapable de garantir aux femmes une place dans les quartiers.
Un changement radical de politique
Jean-Louis Borloo appelle à un "changement radical" pour l'Exécutif avec la mise en oeuvre rapide d'une vingtaine de programmes allant de la "relance immédiate de la rénovation urbaine" à la réorganisation de l'école.
Il interpelle l'Etat sur le besoin de s'investir plus fermement dans la sécurité, la justice, la lutte contre l'illettrisme, ou encore la création de "campus numériques".
Pour financer tout, l'ancien président UDI a proposé la mise en place d'un fonds de 5 milliards d'euros constitué par la cession des participations de l'Etat. Une proposition contrastée par le ministre de l'économie Bruno Le Maire.
Les élus en attente d'actions concrètes
Toutefois, on peut noter que le rapport de M. Borloo était très attendu par les élus de banlieue, qui s'offusquent depuis peu du voile de l'oubli jeté par l'Exécutif sur leur cause. Le maire de Grigny (Essonne), Philippe Rio, n'a donc pas hésiter à saluer des propositions avancées, avec un accent indispensable mis sur le volet humain.
La place est maintenant donnée à une action forte de l'État, a estimé le président du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel. Emmanuel Macron devrait ainsi dévoiler le 22 mai les grandes lignes de son plan de mobilisation en faveur des quartiers prioritaires qu'il entend porter.