Les méthodes d'apprentissage à l'école vont évoluer. C'est ce qu'annonce le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer dans quatre circulaires de 130 pages chacune adressées cette semaine aux enseignants, et détaillées dans une interview publiée aujourd'hui jeudi dans Le Parisien. La lecture, l'écriture et le calcul sont surtout visés par les services du ministère, qui estiment que leur méthode d'enseignement n'est plus appropriée. Les programmes, en revanche, ne changeront pas. Il s'agit surtout de recentrer les pratiques pour les "homogénéiser" à travers le territoire, sans pour autant malmener la fameuse "liberté d'enseignement", si chère aux instituteurs.

Jean-Michel Blanquer souhaite ainsi redonner un cadre commun aux méthodes.

Lecture et Français : les mesures préconisées

En ce qui concerne la lecture, le gouvernement souhaite en finir avec la méthode dite globale, qui selon des "recherches" effectuées par des experts, ne fonctionne pas, pour revenir à la méthode dite syllabique, telle que l'ont connue les générations précédentes : "Créer chez l’enfant le réflexe de photographier l’image d’un mot ou de le deviner par son contexte est une très mauvaise habitude", note le ministre. Il faut dire que le niveau d'orthographe des plus jeunes devient de plus en plus inquiétant, et l'apparition des nouvelles technologies, comme les téléphones portables et leur écriture intuitive - souvent source d'erreurs, n'a pas arrangé la situation.

Pour y remédier, Jean-Michel Blanquer préconise 30 minutes d'exercices de lecture par jour, renforcés par une dictée quotidienne de 30 minutes également. Le ministre refuse que de nombreux élèves intègrent le collège sans maîtriser la base orthographique de la langue française. De même, trois heures hebdomadaires devront être exclusivement consacrées à l'apprentissage des règles de grammaire : conjugaison, accords, pronoms,...

rien ne sera laissé au hasard et des priorités doivent impérativement être mises en place.

Le Français devra enfin être mis en valeur avec l'étude "de cinq à dix oeuvres par année scolaire" entre le CP et le CE2, à raison de trois heures hebdomadaires pour découvrir les différentes structures syntaxiques qu'offrent notre langue.

Mathématiques et méthode d'enseignement

Quant au calcul et aux mathématiques, le ministre fixe là aussi des objectifs à atteindre. En quittant la dernière section de l'école maternelle, nos têtes blondes devront savoir compter jusqu'à 30. L'année suivante, les enfants ne passeront pas en CE1 sans connaitre toutes leurs tables d'addition. Enfin, sur l'ensemble du primaire, les séances de calcul mental deviendront quotidiennes, à raison de 15 minutes par jour au minimum.

Jean-Michel Blanquer demande par ailleurs aux enseignants de modifier leurs méthodes en limitant les photocopies pour privilégier le travail sur de véritables livres scolaires, mais il n'en mentionne aucun en particulier. Le ministre va même jusqu'à conseiller les instituteurs sur la dimension des cahiers à grands carreaux de leurs élèves, dont le format idéal est de 17x22 cm.

Comme pour anticiper les critiques éventuelles des professeurs des écoles, qui n'ont pas pour habitude de se laisser dicter leur conduite, le ministre de l'Education nationale conclue en réitérant sa confiance totale envers ses agents : "Ils recherchent par définition la réussite des élèves et ces textes vont les aider dans ce sens". Jean-Michel Banquer répète également son attachement à la "liberté pédagogique" mais prévient : "La liberté pédagogique n'a jamais été l'anarchisme pédagogique".