Hier Mercredi 09 Mai, avait lieu la Journée de l'Europe. Au lendemain de ce jour symbolique pour l'unification des pays qui composent notre continent, le président de la République française doit aujourd'hui être gratifié du Prix Charlemagne. Créée en 1950 par l'Allemagne, cette récompense est attribuée chaque année à une personnalité reconnue pour son action en faveur de la construction européenne. Décernée par une commission spéciale, elle est remise depuis la ville allemande d'Aix-la-Chapelle, ancienne capitale de l'empire de Charlemagne. Le prix, qui est aussi la plus ancienne distinction européenne encore existante, a été baptisé du nom de l'empereur français car ce dernier est considéré comme l'un des premiers bâtisseurs de l'union européenne au début du deuxième millénaire.
Cette année, la commission a justifié le choix d'Emmanuel Macron en soulignant "l’élan donné à l’Europe à la suite de sa campagne électorale". Elle estime que le chef d'Etat français a jusqu'ici acté son souhait de "réancrer l’Europe et l’idée européenne au cœur des sociétés et des populations". Enfin, Emmanuel Macron est également reconnu pour son engagement écologique et sa volonté de défendre l'accord de Paris sur le climat.
Le discours attendu d'Emmanuel Macron
A Aix-la-Chapelle, le président français prononcera le traditionnel discours du lauréat, et selon les premières informations recueillies par Le Monde, ses propos devraient tendre vers une sonnette d'alarme tirée en direction des autres dirigeants européens.
Présent outre-Rhin depuis ce mercredi et invité hier soir sur la télévision publique allemande, Emmanuel Macron a déjà posé les bases de son message.
Face au parterre de chefs d'Etat présents aujourd'hui pour la remise du prix, dont la chancelière allemande Angela Merkel, hôte de la cérémonie, il reviendra sur la récente décision de Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire en Iran.
Le président américain n'a pas hésité à balayer d'un revers de main les avertissements de l'Union européenne à ce sujet, déclenchant la colère du Vieux Continent. Après le choix regrettable des Etats-Unis, c'est maintenant à l'Europe que revient la charge de "garantir l'ordre multilatéral" que les récents événements ont fragilisé, pas seulement au Proche et au Moyen-Orient.
Un message adressé à l'Allemagne
Emmanuel Macron attend également beaucoup de l'Allemagne, et s'adressera tout particulièrement à Angela Merkel pour lui demander des réponses aux propositions qu'il a formulées il y a déjà plusieurs mois, et que les Allemands tardent à traiter, en particulier sur la gouvernance de la zone euro. Alors que certains pays, comme l'Espagne et l'Italie, ont d'autres priorités actuellement avec la gestion de leurs crises politiques internes, le gouvernement Merkel traîne des pieds sur la création d'un grand ministère européen des Finances et d'une taxe imposée aux grands sites Internet comme Google.
Sur le thème du commerce extérieur, le président français voudrait tenir tête à Donald Trump qui souhaite imposer ses propres règles, alors que l'Allemagne aimerait se montrer plus conciliante.
Emmanuel Macron propose par ailleurs une relance de l'investissement en Europe, et invite ses partenaires à "dépasser nos propres peurs, nos propres égoïsmes et même nos propres colères".
Le prix Charlemagne que reçoit Emmanuel Macron aujourd'hui représente donc bien plus qu'une récompense. Il est aussi le symbole d'un destin commun plus que jamais au centre des préoccupations, à un an des prochaines élections européennes.