La 14e séquence de la grève des cheminots de la SNCF débute jeudi soir. Et force est de constater que le mouvement social initié il y a un peu plus de deux mois maintenant n’a jamais réussi à faire basculer le rapport de force avec l’Exécutif. Retour sur un feuilleton qui aura animé le quotidien des Français et dont tous espèrent désormais voir le bout avec le passage du texte au Sénat ce mardi.

Il faut dire que, dès son annonce, la réforme de la SNCF s'est révélée un pari plus risqué que ce que le gouvernement avait prévu. Avec l'explosion de nombreux foyers de contestation dans l'Hexagone, Emmanuel Macron aura même vécu la période la plus tendue depuis le début de son mandat.

Et si la mobilisation faiblit désormais à mesure que s'écoulent les semaines, on se refuse à crier victoire dans l'entourage du Chef de l'État. Certains estiment même d'ailleurs qu'il n'y a ni gagnant, ni perdant dans cet épisode que la presse qualifie sans détour de victoire politique pour le président.

Les syndicats pris de court

Pour mémoire, quand Édouard Philippe posait en février les bases du chantier ferroviaire, Matignon s'appuyait sur le soutien relatif des Français affiché dans les sondages. Une position dure rapidement dénoncée par les cheminots au moyen d'une grève perlée qui fût source d'inquiétude pour la majorité, comme en témoigne Jean-Baptiste Djebbari, le rapporteur LREM de la réforme.

Mais, ce qui était perçu comme un formidable atout de pression n'a en réalité été choisi que par défaut par les syndicats incapables de tenir deux mois de grève reconductible, selon un responsable de la CGT cheminots dépité. Au final, Emmanuel Macron est loin d'avoir essuyé la tempête sociale tant redoutée de la rue. Mais plus encore, son capital politique en ressort renforcé alors que s'annonce une réforme des retraites hautement plus périlleuse.

Macron résiste, mais reste sous pression

Du côté de l'Exécutif, on assume en tout cas que la réforme ait été menée sur fond d'urgence afin de redresser l'entreprise publique. Pas de surprise dans la volonté, mais un mode TGV qui aura donné le tournis aux syndicats. Le gouvernement aura tenu ses trois piliers, même s'il est revenu à un ton plus souple pour satisfaire aux exigences des syndicats réformistes.

Quant à l'agrégation des colères sur le mouvement des cheminots, Emmanuel Macron n'y a jamais cru. Une situation qui a eu le don d'exaspérer chez les Insoumis. Et si la convergence des luttes ne s'est pas faite, le président de la République sait qu'il ne dispose pas pour autant d'un blanc-seing. Il faudra donc se montrer vigilant même si la météo sociale est favorable, souligne-on à Matignon. Les Français attendent encore de voir, mais n'en restent pas moins mécontents, comme le montrent les récentes enquêtes.