Avec le délégué général LaREM, Christophe Castaner, la commission d'enquête du Sénat a clôturé ce mardi sa première vague d'auditions avant la trêve estivale. Des séances qui ont permis de faire la lumière sur nombre de pans de l'affaire Benalla, même si certaines zones restent troubles quant aux agissements de l'intéressé et la réaction de l'Exécutif depuis le 1er mai.
Aucun doute, depuis les révélations du journal Le Monde le 18 juillet dernier, qu'Alexandre Benalla est véritablement devenu le centre de toutes les curiosités de la presse et des personnages politiques français.
En cause, une vidéo mise en ligne le jour même l'affiche aux prises avec des individus sur la place de la Contrescarpe à Paris lors des manifestations du 1er mai dernier.
Mis en examen le 22 juillet, l'ancien chargé de missions s'insurge contre l'emballement politique qui s'est, selon lui, emparer de cette affaire pour nuire au président de la République, Emmanuel Macron. Sa vérité, il a assuré, dans son interview au JDD, être prêt à la défendre devant les commissions d'enquête parlementaires. Un désir auquel le Sénat pourrait donner suite à la rentrée.
L'homme à tout faire de l'Elysée
En attendant, dans l'opposition comme dans la presse, on continue de tiquer sur les attributions réelles qu'avaient le jeune homme de 26 ans à l'Élysée.
Trop floues pour beaucoup qui ne cachent même plus leur sentiment d'avoir entendu des mensonges de la part des représentants de l'Exécutif auditionnés. Car comment comprendre que celui qui était en charge d'organiser et de faire le lien entre services se soit senti la nécessité de disposer d'un permis de port d'arme.
La réponse, le cabinet de l'Elysée ne l'a pas vraiment apportée, se contentant de rappeler que la sécurité du Chef de l'Etat était assurée par le GSPR.
Un angle clairement confirmé devant le Sénat par son chef, le colonel Lionel Lavergne. Alexandre Benalla a d'ailleurs dressé au JDD une liste des 1001 tâches auxquelles il s'adonnait, entre prise en charge de « cadeaux diplomatiques » et ombre des époux Macron, assurant au président une liberté d'action.
Un affranchissement des règles qui interroge
L'autre interrogation suscitée au Parlement par cette affaire porte aussi sur l'incapacité à l'Elysée de se défaire d'un homme dont on imagine le risque politique à la lumière des événements connus dès le 2 mai. Et si certains fantasment sur l'idée d'une machination, Matignon clame que rien n'avait été fait pour étouffer cette affaire. Aucune consigne n'a été donnée, mais le laxisme parlant mis au jour par ce dossier a fait parcourir quelques frissons.
Au fil des auditions, les sénateurs comme les députés se sont en effet étonnés de l'absence de remonter d'informations vers les autorités de certains incidents. Des relations de travail difficiles décriées par les syndicats de police au silence radio des CRS sur les événements place de la Contrescarpe, le cas Benalla donne à l'opposition le sentiment d'une protection de l'Elysée. Une interprétation orientée à laquelle n'entend pas souscrire le principal intéressé.