Edouard Philippe a mis sur la table ce mardi les mesures entreprises par le gouvernement pour tenter de calmer la grogne montante des "gilets jaunes". Face au risque d'une nouvelle mobilisation samedi, le chef du gouvernement a reconnu des difficultés à rester sourd aux colères exprimées. Il estime important de désormais s'asseoir pour dialoguer.
Il faut dire que l'exécutif est sur le gril ! Depuis les nombreuses scènes de violences survenues samedi dernier à Paris et dans d'autres villes de France, Emmanuel Macron et Edouard Philippe tentent tant bien que mal de trouver les voies et moyens d'un apaisement qui permettrait l'ouverture d'un dialogue sur la situation des souffrances exprimées depuis trois semaines par les Français.
Des gestes d'apaisement
Lors de son point presse à Matignon peu avant 14 heures, le Premier ministre a acté la suspension durant six mois de la hausse de la taxe carbone, mais pas seulement, car la convergence des tarifs diesel-essence de même que la hausse de la fiscalité sur le gazole entrepreneur non routier sont concernés.
Des préalables auxquels l'exécutif prévoit également de greffer un moratoire sur la hausse du tarif de l’énergie et de l’alourdissement des contrôles techniques sur les automobiles. A côté, une augmentation de 3% du smic net sera constatée dès 2019 grâce aux mesures du gouvernement et un "large débat sur les impôts et les dépenses publiques" devrait permettre à tous les acteurs de discuter sur le plan national et dans les territoires entre le 15 décembre au le 1er mars prochain.
Objectif affiché, rendre le système fiscal plus transparent pour les Français et aboutir à des solutions concrètes sur le terrain.
Un dialogue qui s'annonce difficile
Pour le ministre de l'économie Bruno Le Maire, s'il bouleverse clairement les prévisions du gouvernement, le panel de mesures annoncées par Edouard Philippe ne devrait toutefois pas remettre en cause les engagements budgétaires de la France vis-à-vis de l'Union européenne, très pointilleuse sur la question.
Dans les rangs des "gilets jaunes", les annonces sont pourtant loin de motiver à une volonté de démobilisation. C'est en tout cas l'avis d'une porte-parole du mouvement implantée à Bordeaux et qui revendique dans le secteur un peu plus de 6 000 membres. L’ancien premier ministre, Bernard Cazeneuve, a, pour sa part, invité les responsables politiques à ne pas jouer la surenchère, dans une interview parue dans Le Monde. L'exécutif estime, lui, que "le temps du dialogue" est arrivé, appelant les Français de bonne volonté à la saisir l'occasion d'échanger les idées autour d'une table, seule alternative aux violences.