Sous pression d'un troisième samedi noir dans la capitale, l’exécutif est déjà à l'heure des comptes et du grand ménage. Edouard Philippe rencontre depuis ce matin les dirigeants politiques représentés dans l'Hémicycle. Des entretiens qui visent à montrer que le chef du gouvernement est à l'écoute, et qu'il compte faire des propositions concrètes dans les prochains jours.

Il faut dire que les images de guérilla urbaine en plein coeur de Paris ont marqué les esprits ces 48 dernières heures. Invité du Grand Jury dimanche, le président du Sénat, Gérard Larcher, rappelait d'ailleurs que l'exécutif ne pouvait plus se permettre une nouvelle défaillance : un message repris par nombre de politiques jusqu'au sein de la majorité où on s'inquiète d'un enlisement.

L'exécutif sous la tempête

A Matignon, on espérait en tout cas que, sous le couvert de l'unité nationale, cette rencontre avec les responsables de tout bord permettrait de calmer la tension de plus en plus palpable avec le mouvement de "gilets jaunes". Se mettre ensemble pour tenter de se parler à défaut de se comprendre sur une sortie de crise, voilà la proposition défendue par le président de la République Emmanuel Macron assez discret depuis son retour du G20 en Argentine.

S'il a fait un détour remarqué sur l'Arc de Triomphe dès son arrivée dans la capitale dimanche, le locataire de l'Elysée est pour l'heure resté assez silencieux. Un silence qu'on attribue, à la présidence, à une volonté de ne pas crisper davantage, sans que des propositions politiques concrètes ne soient véritablement mises sur la table.

Cette crise en tout cas le plus gros défi auquel le chef de l'Etat doit faire face depuis le début de son quinquennat.

Edouard Philippe bousculé

Du côté de l'ancien monde appelé à partager son avis avec Edouard Philippe à Matignon, les propositions se sont déjà voulues nombreuses et très tranchées. A gauche, le secrétaire du PS, Olivier Faure, invite l'exécutif à un gel de l'augmentation des taxes en janvier prochain, accompagné de discussions sur la fiscalité ; tandis que pour Laurent Wauquiez, patron des Républicains, il faudrait envisager la tenue d'un référendum sur la politique de l'Etat.

Marine Le Pen a plaidé, elle, pour de nouvelles élections législatives dans un contexte qui est très favorable à son parti. Le défilé devrait ainsi se poursuivre jusqu'à la réception de Fabien Roussel du Parti communiste français autour de 19h30. Mais, sur le fond, la grosse inconnue reste sur l'incapacité des "gilets jaunes" à se structurer pour porter leurs revendications. Le Premier ministre pourrait essuyer un nouvel échec dans sa tentative de dialogue avec le mouvement.