Dans un rapport publié ce lundi, Chantal Jouanno ne se montre pas tendre avec l'exécutif. Après les vives réactions de membres du gouvernement suite à son retrait surprise du "grand débat national" ouvert dimanche par Emmanuel Macron, la présidente de la CNDP réplique en critiquant ouvertement la méthode adoptée par l'exécutif.

Il faut dire que si elle a clairement renoncé à organiser le grand débat sur fond de polémique autour de son salaire, l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy n'en a pas pour le moins abandonner l'idée de remettre en cause la méthode du gouvernement !

En quelques mots, Chantal Jouanno renouvelle donc ses vibrants avertissements quant à un possible manque d’impartialité de la part de l’exécutif.

Aucune concession

Pour la retraitée de la politique de bientôt 50 ans, la lettre du président de la République aux Français poserait publiquement des "lignes rouges" qui pourraient entraver la bonne tenue des échanges à l'occasion du "grand débat national" ! Emmanuel Macron a en effet indiqué dans son message publié dimanche que les politiques mises en place depuis 2017 ne devraient pas être bousculées.

Rendu public à la veille de l’ouverture officielle du grand débat national, ce rapport pourrait bien soulever davantage le courroux de certains membres du gouvernement.

L'ancienne ministre des Sports y assure que si l'exécutif a toute légitimité pour ressortir les grandes thématiques à aborder, elle redoute l'exclusion de sujets possiblement évoqués de manière spontanée par les citoyens. Une posture qui pourrait radicaliser les oppositions, selon la Commission.

Une improvisation qui peut coûter cher

Bien sûr, la patronne de la CNDP n'a pas manqué d'enfoncer le clou dans la jambe de l'exécutif en déclarant que le retrait de la participation de l'organisme qu'elle dirige sur le grand débat était en lien avec la décision du gouvernement de reprendre le pilotage de l'initiative portée par le chef de l'Etat !

Sébastien Lecornu et Emmanuelle Wargon se sont en effet vus conférer l’animation du débat.

La Commission se lave donc les mains sur beaucoup de sujets dont elle avait la charge, tels les «kits méthodologiques» à destination des animateurs de débats, en vertu d'une implication trop marquée du pouvoir dans leur mise en oeuvre. Toutefois, du côté du gouvernement comme de la majorité, on rejette la faute en bloc sur Chantal Jouanno. Cette dernière devrait ainsi se prévaloir d'un climat d’improvisation autour du "grand débat national" dont elle se désole.