Olivier Faure a présenté lundi soir l'inventaire qu'il dresse du quinquennat de François Hollande. Depuis Ivry-sur-Seine, siège de la nouvelle maison du PS, le député de Seine-et-Marne et première figure du parti traditionnel de la gauche n'y est pas allé par quatre chemins. Il a notamment reproché à l'ancien président des réformes « sans projet de société vraiment explicite ».

Il faut dire que l'objectif affiché par Olivier Faure devant le parterre de militants venus l'écouter était de prendre ses distances avec les deux temps forts du mandat de François Hollande qui ont marqué la division de la gauche ! Le premier secrétaire n'a d'ailleurs pas manqué de qualifier de « trahison » envers l'ADN socialiste la mise en route de la déchéance de nationalité et de la loi travail.

Un regard froid sur le passé

Si, dans son livre Les leçons du pouvoir, l'ancien président socialiste avait noté des regrets sur sa première monture de la loi travail, et le texte pour la déchéance de nationalité, son jeune camarade sera venu enfoncer un peu plus le clou !

C'est en tout cas le constat qui peut être tiré de l'intervention d'Olivier Faure qui en appelle sa formation à retrouver une certaine crédibilité dans la sphère politique.

Une démarche qui n'est pas loin de faire exploser de colère l'ancien ministre exilé à Sarthe, Stéphane Le Foll. Le maire du Mans concède que la loi El Khomri a pu s'avérer être une erreur, mais il invite le premier secrétaire à davantage se concentrer pour reprendre pied avec la crise des "gilets jaunes" qui place l'exécutif dans une position très délicate depuis deux mois et demi. Des conseils qui ne sont visiblement pas les bienvenus, selon un proche de Faure.

Une politique illisible

Dinosaure de la politique à tout juste 50 ans, Olivier Faure a livré une analyse cinglante du projet confus porté l'ancien président socialiste !

Des politiques sans définition claire des objectifs, des réformes enchaînées sans aucune cohérence, s'il reconnaît que le mot d'ordre qui avait porté le PS au pouvoir était le "changement", celui-ci s'est révélé trop flou pour être compris des Français.

Des réussites, il en a tout de même noté, avec la Cop 21, la gestion intelligente des attentats, le rétablissement de l’ISF, la mise en oeuvre du mariage pour tous, ou encore la création du compte pénibilité. Des marqueurs de fierté qui ne peuvent toutefois pas faire oublier au patron du PS le « débat manqué » sur une possible refonte de la fiscalité, ou même la colère déclenchée par la déchéance de nationalité et la loi travail. Une ultime trahison qui interroge le député sur les ambitions portées par François Hollande. Désormais, le décor est planté et de nombreux proches de l'ancien chef d'Etat assurent déjà qu'en cas d'échec aux européennes il faudra rendre des comptes.