Jeudi, Emmanuel Macron a tranché par un "non" la possibilité de retirer entre les mains des forces de l'ordre, les fameux lanceurs de balles de défense qui suscitent la polémique partout en France. Le chef de l'Etat a ainsi répondu à Dunja Mijatovic qui rendait public, deux jours plus tôt, un mémorandum du commissariat aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe adressé à l'Etat français.
Il faut dire que depuis trois mois que dure la mobilisation des Gilets jaunes, le maintien de l’ordre lors des manifestations est devenu un véritable casse-tête place Beauvau.
Un défi sécuritaire indéniable pour l'experte des droits de l'homme qui en a tout de même appelé Paris à faire respecter la liberté de manifester de tout un chacun, mais aussi à suspendre l'usage du LBD.
L'outil de défense des forces de l'ordre est en effet pointé du doigt depuis de longues semaines pour avoir causé de graves blessures chez des manifestants. La responsable bosnienne estime donc que les autorités françaises devrait « au plus vite » revoir la doctrine d’usage de ces armes défendues par le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et le secrétaire d'Etat Laurent Nuñez.
Une mise en garde à l'intention de Paris
Regroupant jusqu'à 47 Etats membres, il n'est pas vraiment rare que l'institution indépendante au sein du Conseil de l’Europe s'intéresse aux situations de maintien de l'ordre dans un pays.
Après la Catalogne, Mme Dunja Mijatovic a tenu à marquer le coup avec un rapport sur le mouvement des Gilets jaunes qui s'est notamment inspiré d'un tour des lieux de la Bosnienne, le 28 janvier dernier.
Si le texte indique qu'aucune complaisance ne doit être faite vis-à-vis des exactions commises lors des manifestations, aucune impunité ne doit également être admise sur la question des violences policières.
D'un autre côté, un appel criard a été envoyé à la justice française que la commissaire invite à « la prudence » et à « la retenue » dans le traitement des affaires. De vives inquiétudes font en effet jour sur des interpellations et des placements en garde à vue qui n'ont pas fait l'objet d'une notification d'infraction. Des pratiques que l'organe européen estime dangereuses si elles servaient d'outils préventifs du maintien de l’ordre.
Pour Emmanuel Macron, pas de concessions à faire
Bien sûr, face à ces remarques poignantes, Paris avait déjà répliqué par un mémorandum de cinq pages dont ont pu avoir lecture les journalistes du Monde ! Les autorités françaises y assuraient que les dispositifs de sécurité déployés lors des manifestations étaient conformes à la loi.
Mais encore, avec la voix d'Emmanuel Macron qui s'est publiquement dressée mercredi pour s'opposer à une suspension des LBD, c'est le bras de fer qui se durcit. Fort de l'avis du Conseil d’Etat et des sondages qui affichent un ras-le-bol des Français, le président de la République argue clairement que la liberté de manifester n'en serait plus une sans le strict respect de l’ordre public. Pas question donc de donner le mou alors que se profile un nouveau samedi de mobilisation.