Emmanuel Macron a le vent en poupe depuis le début de l'année 2019. Le chef de l'Etat enchaîne depuis plus de trois semaines les déplacements sur le terrain à l'occasion du Grand débat national qui s'est ouvert partout en France. Des sorties particulièrement suivies par de nombreux médias et dont l'opposition dénonce déjà des allures aux airs de véritables campagnes électorales.

Avec trois heures dans la Drôme, quatre heures en Saône-et-Loire, six heures à Evry-Courcouronnes et près de sept heures à Souillac, Grand-Bourgtheroulde, et devant les élus d'Outre-mer à l'Elysée, Emmanuel Macron sature l'espace médiatique des chaînes d’information.

Des interventions qui n'en finissent pas d'irriter dans les rangs de l’opposition, comme avec le numéro deux de la liste LFI aux européennes, Manuel Bompard, qui estime que le président de la République a épuisé son temps de parole jusqu'en 2022.

Pour sûr, l'opération reconquête semble bien séduire avec une embellie de l'image du locataire de l'Elysée pour le deuxième mois d'affilée. Une situation qu'à droite, on dénonce comme étant « une campagne qui ne dit pas son nom ». Le président du groupe LR à l'Assemblée nationale, Christian Jacob, trouve d'ailleurs la manoeuvre scandaleuse et appelle à ce que ces prises de parole soient imputées au décompte de La République En Marche pour les européennes.

Une campagne à ciel ouvert

Le son de cloche est d'ailleurs le même pour une bonne partie des responsables politiques qu'il s'agisse du secrétaire général délégué des Républicains, Geoffroy Didier, qui s'offusque que le président confisque la parole, ou du chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon pour qui l'exercice n'est qu'une énorme supercherie pour duper une nouvelle fois les Français.

Son camarade insoumis et député du Nord, Adrien Quatennens en appelle même à ce que le CSA et la commission des comptes de campagne se saisissent au plus tôt du dossier. Tandis que du côté du PS, on préfère rester prudent mais pas dupe des intentions de l'exécutif. Premier secrétaire socialiste, Olivier Faure, entend clairement prendre part au débat national afin de peser sur son issue.

Le député de Seine-et-Marne sollicite d'ailleurs la tenue d'une conférence sociale afin des négociations alliant les partenaires sociaux puissent se dérouler. L'analyse est en tout cas partagée par Yannick Jadot, tête de liste EELV pour les européennes. Il souligne tout de même que le président en fait trop, et qu'il devrait éviter de se projeter dans la campagne de 2022.

Le CSA veille au grain

Interpellée dimanche par les journalistes du Figaro, une ancienne membre du CSA a toutefois tenté de tempérer le début de polémique. Elle note que le temps de parole dont bénéficie le chef de l'État sera compensé du côté de l'opposition. Le CSA y veille dans tous les cas, assure-t-elle, surprise de la désinformation des responsables politiques sur les règles du temps de parole.

Pour les européennes, le décompte ne démarrera que six semaines avant le scrutin.

Toute expression d'Emmanuel Macron sur un sujet national durant cette période sera alors automatiquement enregistrée dans le temps de parole de La République En Marche. Mais encore, certains voudraient « intégrer » dans les comptes de campagne les ressources mises en jeu à l'occasion de certaines réunions publiques. C'est le cas du député européen LR Philippe Juvin qui a formulé samedi une demande à la Commission nationale des comptes de campagne. Il assure avoir vu la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, tenir des propos militants la semaine dernière à Trappes. A ces critiques, la majorité préfère opposer le besoin exprimé par les Français de voir Emmanuel Macron à leur chevet.