La campagne pour les élections Européennes a repris ses droits en France, après une semaine de trêve sur fond de désolation suite à l'incendie de Notre-Dame de Paris. L'occasion pour chaque formation de tenter de s'imposer sur la scène publique. C'est dans cette optique que Raphaël Glucksmann s'est illustré dans un entretien au Parisien paru lundi. En quelques phrases bien senties, le meneur de la liste PS-Place publique s'en est violemment pris au Président Macron qu'il fustige de mener, tambour battant, une politique de droite, tandis qu'il s'étonne du jeu de posture du leader des Insoumis Jean-Luc Mélenchon.

Il faut dire que l'essayiste entend incarner l’alternative sociale et écologique à Strasbourg, là où les autres formations en seraient incapables. Aucun doute que les désormais 7% d'intentions de vote, dont est créditée sa liste dans un récent sondage publié au Parisien, ne soient entrain de lui faire pousser des ailes. S'il concède avoir connu un démarrage difficile, le politicien de 39 ans voit dans cette progression des voix la marque d'une volonté de renouvellement de la part des électeurs de gauche. Il espère ainsi mettre fin au face-à-face entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen et recréer le clivage gauche-droite.

Une alternative à l'Europe de Macron

Raphaël Glucksmann assure constater qu'à l’échelle européenne, le nouveau monde du chef de l'Etat peine réellement à susciter l'adhésion, et que c'est le clivage entre la gauche et la droite qui demeure la tendance dominante.

L'enjeu, selon lui, se situer donc dans la question de savoir qui va prendre l'ascendant, au Parlement européen, entre les sociaux-démocrates dont il est le représentant en France et les libéraux incarnés par la liste de François-Xavier Bellamy ! Le fondateur de PP fustige les formations de gauche qui ont fait le choix de petites alliances sans avenir sur la scène européenne, en même temps qu'il moque les Marcheurs de ne pas encore savoir avec qui ils siégeront.

La tête de liste constate que le président français n'a pas pu nouer une alliance crédible avec d’autres pays, alors que lui jouit d'un solide réseau avec le Belge Paul Magnette, l'Espagnol Pedro Sanchez, ou encore le Portugais Antonio Costa. Il assure que l'Europe de Macron n'est que la continuité de décennies qui ont noyé le projet européen, et place sa formation en alternative au PPE de Juncker et Merkel.

En ligne de mire, la fin de l’austérité et du libre-échange tous azimuts, pour doter l'Europe d'une force politique à même d'assurer la protection de ses citoyens et de ses sociétés. Pour y arriver, il entend proposer un impôt européen sur les entreprises, ainsi que des taxes aux frontières de l’UE.

Mélenchon, le Thatcher de la gauche

Quant à la perspective de poursuivre la construction d'une union des gauches avec Jean-Luc Mélenchon, Monsieur Glucksmann se montre plus que jamais sceptique. En cause, le discours anti-européen du chef de file des Insoumis à l'Assemblée nationale. Le meneur de la liste PS-Place publique note ainsi avec amertume les propos tenus à Amiens le 10 avril dernier par l'ancien député européen qui lui rappelaient furieusement une certaine Margaret Thatcher.

Le tribun appelait en effet à ce que les milliards versés à l’UE soient au contraire investis dans des logements et des hôpitaux français, comme une référence à la formule de l'ancienne Première ministre britannique "I want my money back !".

Il s'agit pour l'essayiste de la même logique que celle des Brexiters. Pour lui, aucun doute que Mélenchon fait actuellement du Thatcher de gauche. Une situation d'autant plus choquante à ses yeux que l'hostilité des Insoumis face à l'Europe est beaucoup plus large. Il note que la semaine dernière, Vladimir Poutine organisait à Yalta un forum auquel auront assisté bon nombre de responsables politiques de partis nationalistes européens, y compris la nièce de Marine Le Pen, Marion Maréchal.

Au milieu de ce monde, sa surprise aura été de voir le conseiller régional LFI de Rhône-Alpes. Une présence qui questionne, et un "populisme de gauche" qui pourrait bien perdre sa dimension de "gauche".