Il s'agit d'une prise de parole politique particulièrement attendue. A l'occasion d'une interview de deux pages accordée au quotidien Le Parisien et publiée ce lundi 1er avril 2019, François Hollande, qui publie une version actualisée des "Les Leçons du pouvoir", livre un constat amer des deux premières années du quinquennat d'Emmanuel Macron, son successeur à l'Elysée. A quelques semaines du vote des élections européennes, au plus fort de la mobilisation des Gilets jaunes, l'ancien président accable la gestion de la crise sociale par le gouvernement et alarme sur les conséquences d'un épisode politique national selon lui mal géré et peu anticipé par la majorité.

Première question, première attaque

Sur la durabilité des manifestations des Gilets jaunes - plus de 4 mois de contestations politiques, sociales et économiques - le verdict de François Hollande est sans appel : "Si une issue avait été trouvée plus rapidement, ce mouvement n'aurait pas eu cette ampleur et nous n'aurions pas connu les excès que nous constatons hélas samedi après samedi".

La gestion du maintien de l'ordre par le gouvernement est d'ailleurs un sujet de critiques pour l'ancien président. En effet, ce dernier estime dans cet entretien que les décisions prises par l'exécutif à propos des récents débordements et actes de vandalisme ont un temps de retard politiquement disqualifiant : "Ce qui a été décidé ces derniers jours aurait dû l'être plus tôt.

J'aurais immédiatement interdit de manifester sur les Champs-Elysées", confiait-il au Parisien.

Une analyse cinglante

Mais la question la plus attendue - et la plus directe - de cette longue interview est celle de son analyse du début de mandat de son ex-ministre de l'Economie et successeur à la présidence de la République : "Que pensez-vous des deux premières années du mandat d'Emmanuel Macron ?".

La réponse de l'ancien président, qui cible les premières mesures économiques et l'absence de signes de rassemblement de la politique d'Emmanuel Macron, est cinglante : "Le résultat au bout de deux ans n'est bon ni pour la vitalité économique ni pour la cohésion sociale". Et de poursuivre : "A vouloir tout bousculer, tout s'est arrêté."

Enfin, pour porter un coup définitif à son successeur, François Hollande alerte sur les mesures à suivre issues de deux mois de Grand débat national.

Selon lui, le recul politique d'Emmanuel Macron est désormais incontournable : "L'urgence commande de réduire les injustices fiscales. Ce qui suppose de revenir sur les mesures prises depuis deux ans".