Mardi soir dernier, le milliardaire Elon Musk a réalisé avec succès un projet hors du commun : celui de faire décoller « la plus puissante fusée au monde » avec comme unique passager, un mannequin installé au volant de sa voiture fétiche : la Tesla, ici peinte en rouge. Celui-ci est vêtu d’un scaphandre développé par la société aérospatiale SpaceX. Rappelons qu’Elon Musk avait déclaré à propos de sa cargaison spéciale, le 2 décembre 2017 sur Twitter : « Le chargement sera mon roadster Tesla rouge cerise, pendant que sera jouée Space Oddity [de David Bowie]. La destination est l'orbite de Mars. S'il n'y pas d'explosion pendant l'ascension, [la voiture] sera dans l'espace pendant un milliard d'années. »
Le lancement de la Falcon Heavy a en effet été couronné d’un succès et d’une prouesse technique que l’on pourrait apparenter à un véritable show aérospatial.
A 21h45, heure française, des millions d’internautes et autres spectateurs ont pu assister au décollage de la fusée depuis la base de lancement Cap Canaveral en Floride, dégageant un immense panache de fumée à la mesure de l’envergure d’un tel engin spatial.
Des étapes successives depuis le lancement au démembrement de la fusée en orbite toutes réussies ?
La fusée Falcon Heavy, haute de 70 mètres et large de 12 mètres, est constituée de trois lanceurs Falcon 9 et a été propulsée mardi soir par 27 moteurs Merlin, soit par « plus de 5 millions de livres (2500 tonnes) de poussée au décollage ou l’équivalent de 18 Boeing 747". Après 7 ans de conception et de réalisation (projet lancé en 2011), la fusée a décollé avec succès pour atteindre l’orbite terrestre plus de 2 minutes après son départ du pas de tir.
Et plus de 2 minutes 30 après le décollage, la fusée a comme prévu expulsé la capsule pouvant contenir jusqu’à 63,8 tonnes de cargaison en orbite terrestre basse. Ce qui a également eu pour effet la séparation des trois lanceurs.
Deux d’entre eux (les latéraux) ont bien atterri sur la zone d’atterrissage prévue à cet effet à Cap Canaveral.
Mais le lanceur central s’est échoué à quelques centaines de mètres de la plateforme mobile, localisée dans l’Océan Atlantique (intitulée « Off course I still love you »).
Toutefois, le milliardaire n’en espérait pas moins, car le simple fait que la fusée ait réussi à décoller sans dommages constitue d’ores et déjà un succès remarquable et retentissant à l’internationale.
Quelles ambitions dans le contexte de la future conquête spatiale ?
« Toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus fort », la société SpaceX et son projet Falcon Heavy ambitionne de repousser les limites des voyages spatiaux. Après avoir testé plusieurs de ses fusées (Dragon, Falcon I), Elon Musk souhaite ainsi légitimer son projet d’envoyer des équipages sur la Lune et sur Mars dans un avenir proche.
Enfin, l’une des autres grandes ambitions est de transporter plus dans l’espace pour un moindre coût : SpaceX a ainsi déclaré qu’elle pouvait « lancer deux fois plus de charge utile » que la Delta IV Heavy « à un tiers du prix » (1/3 de 350 millions de dollars, selon le prix déclaré par la United Launch Alliance, construisant les Delta IV).
A quand le lancement d’une mission habitée en direction de Mars ?
Musk parle de 2022 pour envoyer des ressources et matériaux nécessaires à l’installation d’une base martienne et 2024 pour envoyer une mission habitée… Le rêve du mégalomane milliardaire pourra prendre vie dans le lancement d’une nouvelle fusée encore plus puissante que la Falcon Heavy ou que Saturn V, lancé pour la dernière fois en 1973 : la Big Fucking Rocket (BFR) haute de 106 mètres et ayant une capacité de stockage de 100 personne environ.
Mais si l’entrepreneur visionnaire projette d’envoyer des hommes sur la Lune et sur Mars, dès les années 2020, il n’en garde pas moins des idées futuristes sur le transport terrestre de demain.
Ainsi promet-il de mettre en service ces BFR pour transporter une centaine de passagers d’un point A à un point B sur Terre en moins d’une heure. Un voyage New York-Paris prendrait ainsi 30 minutes avec une vitesse de croisière de 27 000 km/h, au lieu des 7h20 actuellement avec un vol commercial, pour parcourir 5 849 km.
« Making life multiplanetary », autrement dit, recréer les conditions nécessaires à l’installation de colonies humaines sur de multiples planètes dans et pourquoi pas hors du système solaire. Tel est le slogan de l’entreprise qui laisse entrevoir des défis à la hauteur des expériences déjà menées dans l’histoire de la conquête spatiale à la croisée des planètes entre fiction et réalité.