Les athlètes français (délégation de 12 sportifs) sont parvenus à récolter plus de médailles qu’il y a quatre ans à Sotchi (12) avec un total de 20 breloques dont 7 en or, 8 en argent et 5 en bronze dans ces Jeux paralympiques qui se sont déroulés du 9 au 18 mars. Ce qui permet à la France de se placer au pied du podium dominé par les Etats-Unis, les athlètes neutres paralympiques et le Canada. Nous pouvons notamment dénombrer les cinq médailles acquises par Benjamin Daviet en ski de fond et en biathlon (3 en or et 2 en argent) ; les quatre médailles décrochées par la porte-drapeau de la délégation française : Marie Bochet ; les quatre médailles en argent du jeune skieur prometteur Arthur Bauchet (ski alpin) et la médaille collective des biathlètes au relais 4*2.5 km (Antoine Chalancon, Thomas Clarion et Benjamin Daviet).
Quel bilan côté ski de fond et biathlon ?
Dans l’enceinte sportive d’Alpensia, les trois athlètes français engagés nous ont offert de nombreuses émotions avec la bagatelle de 7 médailles. Benjamin Daviet est à l’origine de 5 d’entre elles et non des moindres avec deux médailles d’or individuelles en para biathlon (Sprint 7.5 km ; 12.5 « Middle »), remportées au bout de l’effort sur la ligne d’arrivée. Les deux autres médailles qu’il remporta l’ont été en « para cross-country » au 20 km « Freestyle » et au moment du fameux relais de 4x2.5 km avec ses deux partenaires Anthony Chalançon accompagné de son guide Simon Valverde et Thomas Clarion. Une ultime course dans les épreuves de ski de fond pour une ultime médaille d’or synonyme d’une Marseillaise retentissant pour la dernière fois comme un symbole dans ce centre d’Alpensia et tout cela devant la Norvège pays du ski nordique par excellence et le Canada, autre grande nation de la glisse.
Quant à Thomas Clarion et Anthony Chalançon, ils remportèrent en complément de la médaille collective du relais, deux magnifiques médailles de bronze, en 20 et 15 km individuel respectivement. Enfin le jeune Thomas Dubois (18 ans), même s’il ne décrocha aucune breloque repart de ces Jeux avec un nouveau matelas d’expérience qui pourrait bien forger un avenir radieux pour les prochains Jeux paralympiques à Pékin en 2022… Nous n’oublierons pas que derrière ces athlètes se sont construites des trajectoires d’existence qui sonnent comme des « leçons de vie », nous qui pour la plupart avons la chance d’avoir pleine possession de ses moyens physiques.
Comme celle de Benjamin Daviet qui, après son accident de scooter à l’âge de 17 ans qui avait immobilisé son genou gauche et paralysé l’usage de son genou à cause d’une infection nosocomial contractée à l’hôpital, a décidé d’intégrer l’équipe de France militaire de ski, « pour la beauté du sport » affirmait-il mais également pour marcher dans les pas de ses idoles : notre roi biathlète des Jeux Olympiques de Pyeongchang, Martin Fourcade et la légende du biathlon norvégien Ole Einar Bjorndalen.
Enfin si l’on s’intéresse à la moisson des skieurs alpins, elle a été excellente puisque Frédéric François, Arthur Bauchet et l’incontournable « reine » de ces Jeux ont remporté au total 11 médailles et de tous les métaux, soit plus de la moitié des 20 médailles attribuées au clan tricolore…
La razzia de la fameuse skieuse alpine, meilleure sportive française de l’année ?...
L’exploit de la skieuse de 24 ans, Marie Bochet est aussi retentissant et remarquable que l’on peut se poser la question, si distinction il devait y avoir cette année pour la figure sportive féminine ayant marqué l’année 2018. La native de Chambéry est en effet venue montrer de la plus belle des manières ses talents de descendeuse et de slalomeuse du côté de Pyeongchang en remportant quatre des cinq épreuves de ski alpin dans lesquelles elle était engagée.
Elle confirme avec ses quatre médailles d’or glanées en descente, en Super-G, en Slalom géant et en slalom, son statut d’immense championne qu’elle avait acquis lors des derniers Jeux Paralympiques en 2014 à Sotchi.
Même bilan, mêmes médailles de consécration mais émotions décuplées. La native de Chambéry, en égalant sa véritable razzia de Sotchi, n’est pas passée inaperçue et nous a procuré de vives émotions et suscité un attrait pour cette compétition de plus en plus relayée par la télévision (France Télévisions avec plus de 100 heures a rediffusé l’intégralité des six sports d’hiver proposés dans ces 12ème Jeux Paralympiques). Et même si elle échoue de peu dans l’épreuve du Super combiné, Marie Bochet a fait preuve d’une grande maîtrise et technique pour devancer ses adversaires de plusieurs secondes comme lors du slalom féminin où elle relégua ses poursuivantes à plus de quatre secondes, dont la canadienne Mollie Jepsen (4’13 de retard après les deux runs) et l’allemande expérimentée Andrea Rothfuss (4’62 de retard après les deux runs).
C’est dire à quel point sa domination sur ces Jeux paraissait sans égal.
Des émotions, des rires, des larmes, des Jeux on ne peut plus réussis en Corée du Sud…
Durant une dizaine de jours du 9 au 18 mars, nous avons vibré encore plus qu’à Sotchi au rythme des exploits de nos champions français grâce à un relai de l’information multiplié et à une prise de conscience de l’importance de suivre et soutenir ces athlètes « hors du commun » aux trajectoires de vie extraordinaires. Des destins paralympiques de haut niveau qui mettent en valeur des « accidentés de la vie » pour qui le sport est devenu un remède, une chance de se reconstruire et de s’accomplir.
Et l’on pourra dire pour conclure que les athlètes français nous ont fait plaisir et ont mis des étoiles dans nos yeux à des dizaines de milliers de kilomètres de distance, en pleine nuit pour nous à l’heure de Paris en métropole (8 heures de décalage).
En tout et pour tout s’ils ont su nous attirer sur leurs disciplines d’handisport d’hiver et font toujours évoluer les mentalités à ce niveau-là, ils pourront symboliser avant tout les passeurs de témoins pour de futures générations de sportifs ayant une déficience physique. Et ces meilleurs ambassadeurs de leur sport peuvent ainsi apporter un message d’espoir et susciter des vocations pour des jeunes ou des plus âgés déficients physiques. En tout cas tous ces athlètes nous auront montré qu’avec de la persévérance, des efforts, de l’abnégation et de la croyance en ses capacités, tout devient possible. Et c’est d’ailleurs par cette formule que de nombreux officiels, sportifs, journalistes… interpellent un maximum de personnes sur le défi sportif qui surmontant le handicap, peut amener à un état d’épanouissement : « quand le rêve se transforme en réalité » ; « Spirit in Motion » (slogan des Jeux Paralympiques, comprenez « Esprit en mouvement ») ; « Let everyone shine » (slogan du relais de la torche aux Jeux de Pyeongchang : « Laissez tout le monde briller »).
Et c’est non sans une flamme de nostalgie que se referment ces Jeux paralympiques en Corée du Sud dans une ambiance de tradition et de modernité ainsi qu’une lueur d’espoir et d’ouverture, de vision vers le futur avec Pékin 2022, première ville à accueillir à la fois les JO d’été et les JO d’hiver…