Ce n’est pas un hasard si les indris ont acquis le surnom de « lémuriens chanteurs ». Ces primates sauvages de Madagascar ne sont pas seulement connus pour leurs bonds prodigieux dans les arbres. Ces grimpeurs ont aussi le sens du rythme. L’exemple le plus illustratif est l’indri, un grand primate d’un mètre de long, connu sous le nom scientifique d’Indri Indri. Si vous avez déjà participé à un voyage sur mesure à Madagascar, vous avez perçu sans doute des gémissements puissants à travers la forêt tropicale. Ces chants à ravir sont le fait des indris arboricoles.

Ils se communiquent mutuellement par des vocalises tandis qu’ils se déplacent dans la canopée. De temps à autre, ces primates se mettent d’accord pour composer en duo ou en trio ; certains jours, toute la bande pousse en chœur des sons mélodieux qui se propagent dès lors à des kilomètres à la ronde.

L’indri indri maîtrise les accords rythmiques au même titre que les humains et quelques oiseaux

La capacité rythmique des indris indris a fait l’objet de quelques études et observations approfondies au cours des dix années passées. Un biomusicologue a découvert que les indris ont le don du rythme. Un temps de pause régulier ponctue leurs cris sonores, ce qu’il appelle rythme 1:1 ; parfois le temps de pause est doublé, auquel cas il parle de rythme 1:2.

Ces accords rythmiques sont largement employés dans la musique humaine, mais ils sont observés rarement chez les Animaux, même chez les oiseaux au chant agréable. Si la plupart des passériformes ont la maîtrise du rythme 1:1, seules deux espèces de passériformes excellent dans le second. Avec surprise, les études sur terrain ont révélé que les indris indris ont recours plus souvent au deuxième rythme que le rossignol, le merle ou le rouge-gorge.

Les scientifiques donnent à ces sons cadencés le nom de « rythmes catégoriques ». L’emploi de deux rythmes différents explique la complexité et l’articulation des sons émis par les indris. Ils ont une aptitude musicale particulièrement développée, comparable à celle des humains.

L’aptitude musicale des indris soulève d’autres interrogations …

Les recherches scientifiques n’ont pas encore fait le tour du mystère. On sait que ces chants régulent la relation entre les membres de la société originale des indris indris. Mais à quoi servent-ils ? Sont-ce des cris d’alarme ou des jeux de séduction ? La deuxième hypothèse est à rejeter, puisque les vocalises ne dénotent aucun dimorphisme sexuel. La genèse des capacités musicales chez les primates et les humains est aussi un champ d’investigation à part entière. Mais les chercheurs auront-ils assez de temps pour restituer cet arbre généalogique ? En effet, les lémuriens malgaches sont malheureusement en danger critique de disparition à cause du déboisement, des feux de brousse et du braconnage.