L'enquête sur l'agression du jeune Théo par des policiers dans sa cité d'Aulnay-sous-Bois dimanche dernier, se poursuit. L'IGPN (Inspection Générale de la Police Nationale) a terminé le visionnement des images extraites des caméras de vidéo-surveillance, et a livré ses premières conclusions. L'accusation de 'viol' à l'aide d'une matraque, qui pèse sur l'un des membres des forces de l'ordre, pourrait ensuite être requalifiée par la juge d'instruction, qui va maintenant analyser les images à son tour.

Les enquêteurs ont ainsi retenu la thèse d'une "opération qui tourne mal", et le geste qui a blessé le rectum de Théo, après avoir transpercé son caleçon, n'aurait donc pas été intentionnel.

D'après les éléments issus des caméras de la ville, le jeune homme s'est d'abord approché du groupe de jeunes qu'il connaissait, et qui était en train de subir un contrôle de police. Mais le comportement des forces de l'ordre n'aurait pas plu à Théo, qui aurait ensuite refusé de se laisser menotter, déclenchant alors une bagarre avec quatre autres policiers, dont l'un est aujourd'hui accusé de "viol", et les autres de "violences volontaires". Si une matraque a bien été utilisée pour forcer le jeune homme à plier les jambes, rien n'indique que son pantalon a été volontairement baissé dans le but de le blesser. L'IGPN parle néanmoins "d'accident grave et réel".

Le récit de l'interpellation

Dans un récit détaillé des faits, le journal Le Parisien soumet l'hypothèse que le pantalon de Théo ait pu glisser pendant la bagarre : "Un policier tient les amis de Théo à distance, alors que ses trois collègues tentent de maîtriser le jeune homme.

Lui se débat en tous sens, ce qui a pour effet de faire glisser son pantalon de survêtement sur le haut des cuisses". Le quotidien ajoute que le jeune homme remonte régulièrement son pantalon, visiblement un peu grand pour lui. Ces affirmations sont basées sur le récit des policiers, celui de Théo et ses amis, mais aussi sur des images filmées par le voisinage.

Concernant le geste qui a blessé le jeune homme, l'IGPN indique son "caractère à l'évidence non intentionnel", comme précisé par Me Frédéric Gabet, l'avocat du policier mis en cause, et justifié, selon lui, par les images des caméras de surveillance. Ces déclarations vont maintenant devoir être confrontées à celles de Théo lui-même qui a déclaré, selon son avocat Me Eric Dupond-Moretti : "J'étais de dos mais de trois quarts. Je l'ai vu avec sa matraque : il me l'a enfoncée dans les fesses, volontairement".

En attendant le rapport final de la juge d'instruction en charge du dossier, le procureur de la République a déjà requalifié le "viol" en "violences volontaires".

Les manifestations se poursuivent à travers le pays

Parallèlement, malgré l'appel au calme lancé par Théo et sa famille, les tensions sont toujours vives à Aulnay-sous-Bois, où 28 interpellations ont eu lieu hier soir mercredi. Des manifestations pour dénoncer les violences policières étaient aussi organisées dans plusieurs villes, réunissant 250 personnes à Paris, 350 à Nantes et 200 à Rennes, où les tensions étaient, là aussi, importantes face aux CRS.