L'affaire Weinstein a permis de délier de nombreuses langues. Il est d'ailleurs intéressant de voir qu'à notre époque, pour qu'un fait de société soit pris en compte, le scandale doit se produire en premier lieu dans le milieu du showbiz pour qu'ensuite la sphère publique commence à s'intéresser sur les même agissements parmi la population. Cette mise en lumière de l'utilisation du pouvoir par certains protagonistes pour assouvir leurs besoins primaires, ce désir de domination de l'homme envers la gente féminine, allant du simple dénigrement, en passant par le harcèlement moral et débouchant parfois sur le viol, n'est pas une caractéristique propre aux puissants de ce monde.
Nous en avons d'ailleurs eu un aperçu avec le succès du discutable "#balancetonporc" où la délation sans aucune preuve peut être soumise à discussion. Notre monde n'étant pas angélique, n'importe qui peut jeter l'opprobre sur une personne innocente uniquement par mesquinerie ou petite vengeance personnelle et ainsi détruire sa vie. Nous savons combien les rumeurs, même mensongères, peuvent être tenaces. Il y a également l'initiative militante du numéro de téléphone "antirelou" qui est intéressante à prendre en compte. Son succès en France fut tel que les organisateurs ont du faire un appel aux dons pour assurer le financement de ce dernier, le coût d'un SMS étant de 0,16 euros. Ils ont par ailleurs été dans l'obligation de fermer cette ligne à cause d'un sabotage causé par plusieurs internautes.
La cyber-attaque contre cette initiative en dit long sur la gêne qu'elle peut occasionner chez certains hommes. Après ce rapide tour d'horizon, nous allons focaliser notre attention sur les violences physiques et morales faites aux femmes et le calvaire qu'elles endurent pour se défendre Je m'appuierai pour cela sur un cas rencontré afin de mettre en évidence l'inefficacité de notre système judiciaire pour leur venir en aide.
J'ai opté sur un exemple concret car il sera plus révélateur qu'un long discours
Un aveuglement volontaire du système judiciaire
" Je vais être honnête avec vous, pour que nous puissions agir, il faut qu'il y ait du sang." Telles furent les paroles prononcées par un agent de police envers une femme dont l'ex-conjoint l'avait plusieurs fois harcelée et battue après leur séparation.
Résumons brièvement les faits qui se sont produits avant qu'elle soit allée au commissariat porter plainte.
Son ex-conjoint, au fil des années, devint de plus en plus virulent et soumis à des excès de colère. Lors de leur quatrième année de concubinage, suite à une énième crise de violence, il l'attrapa par la gorge et la plaqua violemment contre le mur. Elle décida de passer outre pour cette fois pour plusieurs raisons. Elle se dit que c'était un accident et, vu qu'il semblait le regretter amèrement en ne cessant de s'excuser tout en pleurant, elle décida de lui donner une deuxième chance. Elle avait également en tête de ne pas faire subir à leur petit fille de 1 an la séparation de ses parents.
Malheureusement, son attitude se fit de plus en plus virulente, allant même jusqu'à menacer de jeter leur chien par la fenêtre du 4e étage en le tenant suspendu dans le vide. La situation était tellement stressante qu'elle attendait son retour du travail tous les soirs avec la boule au ventre. Elle a subit cette situation pendant plusieurs années, avec un homme alternant les crises de nerfs et les excuses larmoyantes, jusqu'au jour où sa petite fille de 4 ans lui fit remarquer qu'elle n'en pouvait plus du comportement de son père.
Elle décida alors de le virer de l'appartement, espérant en finir avec cette situation intenable. Sauf qu'il s'acharna de plus belle. Elle lui dit qu'il pouvait voir sa fille quand il le voulait afin qu'elle ne soit pas privée de son père.
Or celui-ci venait le soir après que sa fille se soit endormie afin de régler ses comptes avec la mère. Les disputes continuant, elle décida de ne plus le laisser rentrer et de ne lui confier sa fille uniquement le week-end. Furieux, il entra chez elle après avoir frappé comme un damné à sa porte pour qu'elle lui ouvre. Avant cela, elle appela la police et lui ouvrit en espérant qu'il se calme, de peur qu'il s'énerve encore plus et défonce la porte. Il la jeta au sol, la plaqua avec son genoux sur la colonne vertébrale et l'étrangla avec son bras. La police arriva 45 minutes après en lui demandant de s'en aller malgré ce qu'il c'était passé. Un autre jour, il lui asséna un coup de pied au torse si violent qu'un bleu apparu, allant de l'épaule jusqu'au bras.
Il la suivait tous les jours et à chaque fois qu'elle sortait, elle voyait sa voiture qui n'était pas loin.
Il usa également de harcèlement téléphonique en l'appelant plusieurs fois par jour pour savoir ce qu'elle faisait, où elle était, pour l'insulter et la menacer. N'en pouvant plus, elle se décida d'aller porter plainte après avoir reçu le coup de pied. De peur que sa fille ne puisse plus voir son père, elle retira sa plainte. Grossière erreur. Un jour où elle se promenait avec sa mère et sa fille, il leur fonça dessus avec sa voiture en tentant de les écraser. N'ayant pas réussi, il sorti précipitamment du véhicule et courra après elle pour la frapper. Elle eut heureusement le réflexe de se réfugier dans une boutique et appela la police.
Pendant ce temps, il alla vers sa fille et la grand-mère pour prendre de force la petite. La grand-mère résista et il lui asséna un coup de poing puis parti avec sa fille tout en lui disant qu'elle ne verra plus jamais sa mère. Comme elle ne cessait de réclamer sa mère, il rebroussa chemin. La police, plus de 30 minutes après avoir été appelée, se rendit sur place. Ils demandèrent uniquement au père de laisser sa fille retourner voir sa mère et le laissèrent s'en aller. Ils décidèrent de repartir et demandèrent à la jeune femme et sa mère de se rendre au commissariat pour porter plainte. Elle leur demanda qu'ils l'accompagnent, de peur que son ex-conjoint revienne pour se venger. Ils acceptèrent face à son insistance, après plusieurs refus.
Au commissariat, la jeune femme et sa mère leurs demandèrent pourquoi ils ne l'avaient pas arrêté. Les policiers lui répondirent qu'ils avaient des cas bien plus urgents à s'occuper et que c'était un délit mineur. Devant leur incompréhension, un policier leur déclara que, tant qu'il n'y avait pas de sang, ils ne pouvaient rien faire. On peut également citer la fois où il l'a menaça de mort avec un couteau à la main.
La confrontation des plaignants au commissariat se fit deux années après le dépôt des plaintes. Durant ce laps de temps, rien n'a été fait pour dissuader cet homme de recommencer. De ce fait, les menaces de mort et les insultes continuèrent. Quand elle décida de passer en jugement la garde de l'enfant, il lui souhaita de mourir car elle avait osé faire cela au père de sa fille.
Lors de la confrontation au commissariat, il nia évidemment tout ce qui lui était reproché et, à la sortie, proféra à nouveau des menaces de mort à l'encontre de son ex-conjointe. Plus d'un an après la confrontation, le jugement n'a toujours pas eu lieu. Jusque là, il est toujours libre de ses mouvements et de la harceler. Il se sert désormais de sa fille pour ses petites vengeances en insultant constamment sa mère.
Ne trouvant aucune aide du côté de la police et de la justice, elle tenta de contacter la maire de sa ville pour lui demander assistance face à sa détresse. Ses messages n'ont jamais eu de réponse.
Ce cas n'en est qu'un parmi tant d'autres. De nombreux autres détails de sévices subis ont été occultés pour ne pas alourdir l'article.
Tout ceci pour montrer qu'une femme victime de harcèlement et de violences est, aujourd'hui encore, seule au monde et ne peut malheureusement compter sur la justice française pour l'aider à se protéger de maniaques violents avec une instabilité psychologique. La France a encore beaucoup de chemin à parcourir avant d'assurer la sécurité des femmes en son sein qu'elle est censée protéger.