L’interrogation ne demeure pas originale, mais d’actualité. Elle resurgit chaque année, en février à l’approche de nouvelles vagues de froid. Devant la pénurie de places disponibles au 115, faut-il offrir l’hospitalité à un SDF ? Les Français se comportent généreusement, ils n’hésitent pas à sonder le fond de leur poche pour donner quelques pièces de monnaie aux plus propres, et aux plus réactifs des SDF qu’ils croisent. Héberger un inconnu chez soi et partager une chambre, un canapé, sa salle de bain, son repas et son intimité n’est pas facile.

40 000 personnes dorment dehors toutes les nuits.

C’est prendre un risque dans les deux sens

Cette action, aussi louable soit-elle, ne se trouve pas anodine. Il faut déjà en avoir la possibilité. Si vous discutez avec un sans-abri, il vous dira qu’il se contentera d’une douche, d’un repas et dans l’idéal d’un canapé. Mais qui est cette personne ? Se vit-elle agressive, voleuse, dérangée, alcoolique, droguée, malade ? Et puis va-t-elle comprendre que c’est juste pour la nuit et pour un seul individu ou ses amis vont-ils la suivre et frapper à ma porte le lendemain ou va-t-elle me menacer pour revenir ?

Si c’est l’inconnu pour vous, c’est aussi une aventure pour l’autre. Un sans-abri sur quatre travaille, plus de la moitié possède un téléphone portable.

C’est une personne qui éprouve les mêmes craintes que vous. Ils ne sont pas nés pour dormir dans la rue. Ils débutent ou continuent une histoire, un événement est survenu dans leur vie. Physiquement, les sans-logis s’en sortent, mais pour combien de temps ? Psychologiquement et économiquement c’est une autre affaire. Eux aussi possèdent leur égo et se montrent réticents à engager leur confiance.

La peur et la honte sont véhiculées dans les deux cas. La peur d’accorder sa confiance et s’ouvrir à l’étranger, et la honte de se sentir privilégiés ou déshérités, s’immisceront rapidement dans nos pensées avant le concept de fraternité.

Quelques structures et des outils encore trop méconnus

Si vous avez dépassé vos craintes et si vous disposez d’un logement avec suffisamment de place pour héberger quelqu’un gratuitement le temps d’une nuit ou plus, vous serez mis en relation avec des personnes sans domicile.

Les hébergeurs peuvent ainsi offrir le gîte et le couvert, un café, ou simplement rendre service aux sans-abris. Les possibilités sont multiples, on peut partager une boisson chaude ou les accompagner afin de remplir leurs papiers administratifs par exemple.

Aide Citoyenne se veut un Guide pratique d’accueil d’un sans domicile fixe chez soi. Une offre de mise à l’abri est disponible sur leur site internet, le-115-du-particulier.fr (après avoir créé un compte), et l’inscription est ensuite validée par des bénévoles.

Une appli pour héberger les SDF reste en place depuis un an :" Merci pour l’invit ". Comme Airbnb, l’outil permet d’établir un dialogue entre sans-abris et hébergeurs volontaires.

L’application « Besoin d’un toi » propose de mettre en relation des personnes sans domicile avec des particuliers désireux de les abriter (gratuitement) pour quelques jours.

Pendant la nuit de la solidarité, 1 700 bénévoles encadrés par des professionnels se sont portés volontaires pour dénombrer, jeudi 15 février au soir, les itinérants de la capitale.

Et vous, êtes-vous prêt à héberger un SDF ?