Le Cadre Noir, cette évocation tout droit sortie d'un glorieux passé militaire, nous insuffle un sentiment de respect associé à une certaine nostalgie. En foulant les allées ombragées de l'École Nationale d'Équitation, créée autour du Cadre Noir en 1972, on ressent à quel point le lieu est chargé de cette mission de préservation et de transmission. Les cavaliers d'élite du Cadre Noir, instructeurs au sein de l'ENE, perpétuent rigueur et exigence en matière d'équitation de Haute École. Mais la digne charge de l'enseignement n'est pas l'unique aspect professionnel de l'ENE.
D'autres professions y trouvent un terrain propice à leur expression. Il suffit de se rendre à la forge, située en bordure de forêt, jouxtant la clinique vétérinaire, pour s'immerger dans un monde où s'affèrent encore des hommes dont le degré d'exigence est porté à son plus haut niveau.
Une main sure pour un pied parfait
Dans le vaste atelier inondé de lumière, les hommes s'affèrent. Les chevaux, pris en main par le maréchal ferrant, attendent patiemment dans des stalles individuelles pour recevoir leur nouvelle ferrure. L'alignement des enclumes, une bonne douzaine, laisse entrevoir à quel point cette forge ne manquait pas d'ambition. Un feu crépite car ici on ferre "à chaud". Messieurs Andorin et Harpin, tous deux anciens élèves de l'École Nationale de forge du Haras du Pin, ajustent leurs fers à l'enclume.
Le décompte de leurs derniers mois de travail au sein de l'institution est engagé. Après plus de quarante ans de carrière, l'heure de la retraite, bien méritée pour une profession si éprouvante physiquement, va bientôt sonner. Mais le gout du travail bien fait n'en est pas entamé pour autant. C'est toujours avec délectation que l'on regarde chaque étape de cette progression exigeante, qui va de l'observation minutieuse du pied à son parage, puis à la mise en place des nouveaux fers.
Le geste est précis, guidé par une connaissance et un degré de pratique qui ne laisse la place à aucune approximation.
La communication au service de la tradition
On ne saurait évoquer les reprises du Grand Manège et les déplacements du Cadre Noir en galas internationaux, sans citer celui qui orchestre et met en lumière les habits noirs.
Alain Laurioux est sans aucun doute le "regard" éblouissant du lieux. Sa subtilité en tant que photographe sublime le travail des écuyers. Instinctif, spontané, original et méticuleux, ses clichés sont des romans, et à eux seuls ils racontent une histoire. Mais le plus important c'est que ces histoires trouvent par son talent le moyen de se perpétuer. Continuer cette mission si difficile qu'est la préservation des traditions est un défi de chaque jour. Les turpitudes et les remous qui ont agité la vie du Cadre Noir rendent encore plus méritante l'action quotidienne de tous ceux qui s'impliquent sans compter dans la pérennité de nos institutions historiques. Marcher dans le pas des chevaux du Carde Noir de Saumur, c'est marcher dans les pas de notre Histoire.