Le 80ème prix Albert Londres a été décerné à Istanbul, ce lundi, à la journaliste du Monde. Le jury, composé d'une vingtaine d'anciens lauréats, a récompensé Elise Vincent pour sa série de reportages sur le djihadisme et la radicalisation en France. La journaliste a publié, ces deux dernières années, six enquêtes d’une grande qualité pour le Monde, parmi lesquelles ' Le djihad derrière les barreaux ' et ' Génération salafiste '.

Un lieu symbolique

Le prestigieux prix Albert Londres n'a pas été remis à Istanbul par hasard. Le choix traduit un soutien aux journalistes turcs confrontés à une campagne de répression par les autorités.

Ce week-end, l'organisation montrait son mécontentement face au régime de censure et de répression vis à vis des journalistes du pays, publiant sur Twitter : ' On peut tuer le journalisme sans tuer les journalistes, c'est la Turquie aujourd'hui '.

Triste coïncidence, donc, que la ville ait été le théâtre de l'assassinat du journaliste engagé saoudien Jamal Khashoggi, le 2 octobre dernier.

' Les hommes du dictateur ' également recompensé

Le jury a également récompensé Marjolaine Grappe, Christophe Barreyre et Mathieu Cellard dans la catégorie audiovisuel pour leur film ' Les hommes du dictateur ', diffusé sur Arte. Le reportage rassemble documents d’archives, témoignages de diplomates, d’experts militaires, de personnalités politiques américaines, coréennes, japonaises et d’anciens responsables européens de l’Agence internationale de l’énergie atomique.

Qui était Albert Londres ?

Albert Londres, né en novembre 1884 à Vichy, révéla ses talents journalistes dès la Première Guerre Mondiale, lorsqu’il écrivit sur le bombardement de la cathédrale de Reims, le 19 septembre 1914. Après avoir voyagé et parcouru le monde, le grand reporter se retrouva en Guyane en 1923, d’où il réalisa un reportage quotidien sur le bagne de Cayenne pour Le Petit Parisien.

Sa description des effroyables conditions de détention et de vie des résidents contribuera à la fermeture de l’établissement. Albert Londres disparu tragiquement en mer de Chine en 1933.

Un prix qui évolue avec le temps

Après son décès, sa fille décida de donner le nom de son père à un prix récompensant le meilleur Grand Reporter de la presse écrite. En 1985, une nouvelle catégorie fut mise en place, primant ainsi le meilleur Grand Reporter de l'audiovisuel. Seul le travail de terrain mené en toute indépendance par un ou une reporter de moins de 40 ans est accepté.