Arrêtés mardi dernier par les forces de l’ordre vénézuéliennes, puis libérés deux jours plus tard, les deux journalistes de Quotidien ont dévoilé, hier sur le plateau de Quotidien, leurs conditions de détention. Pierre Caillé et Baptiste des Monstiers avaient été arrêtés le 30 janvier, sans motif précis. Ils avaient fait le choix d’entrer au Venezuela sans visa de presse, leur précédente demande ayant été refusée.

Les deux journalistes estimaient que la crise politique secouant le pays ne pouvait attendre des mois supplémentaires, et ont donc décidé de s’y rendre avec un visa touristique.

Baptiste des Monstiers précise que beaucoup de journalistes internationaux ont utilisé la même technique, et sont ainsi rentrés au Venezuela comme simples touristes.

Le récit de l’arrestation

Pierre Caillé et Baptiste des Monstiers racontent s’être tout d’abord fait contrôler alors qu’ils filmaient aux alentours du palais présidentiel de Caracas. Une personne leur demande d’effacer les images, ce que les deux journalistes font.

En continuant leur route, ils expliquent s’être fait arrêter une seconde fois, par "deux policiers en civil", mais armés. Ces derniers contrôlent leur passeport, leur demandant pourquoi ils prenaient des photos. Pierre Caillé précise qu’il filmait alors avec son téléphone.

Les journalistes expliquent alors aux policiers être des touristes.

Leur explication "passe", et leur permet de continuer leur route.

Ils seront arrêtés une nouvelle fois quelques temps plus tard. Les policiers "tiquent sur les tampons que l’on a sur nos passeports", explique Baptiste des Monstiers, car "Pierre comme moi sommes allés dans des pays où il y a pu avoir des alternances politiques, des coups d’état, du terrorisme. Cela ne leur plaît pas".

Ils procèdent à des vérifications à l’intérieur du palais, et comprennent qu’ils sont interrogés par le service d’intelligence vénézuélien.

Leurs téléphones et passeports sont confisqués. En fin de journée, ils sont transférés, menottés, escortés par la police, puis interrogés séparément car soupçonnés d’être "des espions".

Des conditions de détention difficiles

Les deux journalistes expliquent ensuite les conditions de détention difficiles auxquelles ils ont dû faire face. Pierre Caillé dévoile qu’ils n’avaient droit qu'à "un seul verre d’eau par jour pour deux". Baptiste des Monstiers ajoute qu’ils étaient constamment menottés, y compris pendant leur sommeil. La pièce dans laquelle ils se trouvaient n’avait pas de lumière, et la climatisation "était à fond".

Ils avouent avoir commencé à perdre confiance en eux au fur et à mesure, lorsque des phrases telles que "tu ne verras plus ta famille, tu sortiras pas de là", "personne sait où t’es, t’as pas de droits t’es pas chez toi" étaient prononcées.

À aucun moment les journalistes n’ont pu passer de coups de téléphone, ni à leur famille ni à l’ambassade française. Ils expliquent également que d’autres journalistes, particulièrement Espagnols et Colombiens, ont été arrêtés dans les mêmes conditions.

Pierre Caillé et Baptiste des Monstiers seront finalement relâchés deux jours après avoir été arrêtés.