Unique en son genre, le groupe RAISE a été créé en 2013 autour d’une société de gestion, avec la volonté de réconcilier la générosité et la performance. Elle est ainsi devenue un acteur pionnier d’une finance plus engagée et plus responsable en France. Pour cela, elle a imaginé un mécanisme de financement dans lequel la rentabilité alimente la générosité. RAISE Investissement, spécialisée dans le capital investissement est la première activité lancée ; elle est suivie rapidement par la création de quatre autres activités complémentaires : RAISE Ventures, RAISE REIM, RAISE Impact et plus récemment RaiseLab.
Aujourd’hui, 50% de la performance générée par ces véhicules d’investissement est reversée au fonds de dotation RAISESHERPAS, premier accélérateur philanthropique dédié aux startups françaises. Sa mission ? Accompagner les entrepreneurs en phase de développement “post amorçage” pour accélérer leur croissance et assurer leur pérennité.
Deux collaborateurs de RAISE, en charge de l’accompagnement des entreprises au quotidien, ont accepté de répondre aux questions de Blasting News dans le cadre de notre programme “Blasting Talks”, qui donne la parole aux entrepreneurs de demain. Entretien avec Éric Coisne, Directeur associé de RAISE Impact et Noé Gersanois, Co-Directeur de RAISESHERPAS.
RAISE Impact est une structure d’investissement à impact qui accompagne des projets qui auront des changements significatifs dans nos modes de vie, de production et de consommation. De quels constats est parti le projet de RAISE et de RAISE Impact au départ ?
Noé Gersanois : Clara Gaymard et Gonzague de Blignières, les co-fondateurs de RAISE, se sont lancés dans cette aventure lorsqu’ils ont découvert, en 2013, la Une du journal Libération qui incitait les jeunes à quitter la France pour faire carrière ailleurs. Ils ont alors eu un déclic et ont imaginé RAISE, une initiative privée bienveillante, fondée sur un modèle de partage pour soutenir la croissance et l’économie. La vocation de RAISE était de créer une société d’investissement qui reverserait une partie de ce qu’elle gagne à une Fondation afin d’aider les entrepreneurs.
L’objectif étant de créer les champions de demain pour favoriser l’émergence des futurs grands employeurs.
Eric Coisne : Plus spécifiquement pour RAISE Impact, nous sommes partis du constat qu’il est aujourd’hui nécessaire de repenser nos modèles économiques et nos modes de production, pour mieux inclure les intérêts de la planète et de ceux qui la peuplent. Nous avons la conviction que c’est notre rôle d’investisseur de financer et d’accompagner des entreprises qui, par leur capacité d’innovation, évitent des pollutions, réparent le vivant, réinventent l’insertion sociale et environnementale. C’est parce que nous avons la volonté d’accompagner et d’accélérer cette transformation de la société que nous avons lancé RAISE Impact au sein de RAISE.
À ce propos, vous permettez à ces startups de pérenniser leurs activités ? Par quels moyens ?
Noé Gersanois : Chez RAISESHERPAS, le fonds de dotation de RAISE, nous nous définissons comme “un accélérateur philanthropique”, nous avons un positionnement 100% gratuit. Nous ciblons notre accompagnement sur les entreprises en post-amorçage, et non pas à l’étape de la création, qui est déjà soutenue par de nombreux acteurs (organismes et incubateurs) en France. Nous recherchons des entreprises qui génèrent déjà du revenu, un chiffre d’affaires de plusieurs centaines de milliers d'euros ou qui ont déjà levé des fonds. Nous avons souhaité nous différencier notamment sur la manière de sélectionner les startups.
Environ un tiers de nos entreprises ont un objet social impact et près de 30% des startups que nous accompagnons sont créées par des femmes. Un autre tiers de ces structures s’auto-financent. En effet, nous ne rentrons pas au capital, nos accompagnements financiers sont non dilutifs ce qui est une énorme valeur ajoutée pour de jeunes entrepreneurs, nous octroyons des prêts d’honneur ou des produits de dettes. Par ailleurs, nous ciblons des entreprises qui produisent de l’innovation. Enfin, leur capacité à créer de l’emploi est un autre critère cible, car il s’agit de la volonté première de RAISE, à savoir soutenir des employeurs ou de futurs grands employeurs.
En quoi peut-on dire que votre dispositif d’investissement est pionnier en France ?
Éric Coisne : C’est d’abord grâce à ce partage de la réussite que nous avons instauré dès la création de RAISE.
Nous avons voulu nous penser différemment en faisant de la générosité et de la performance les deux faces d’une même médaille. Aujourd’hui, il y a quatre fonds d’investissement partageant la création de valeurs avec la Fondation, ainsi qu’une activité dédiée à l’Open Innovation, RaiseLab. RAISE grandit et son développement permet à RAISESHERPAS de bénéficier de solides ressources, qui en ont fait la plus grande fondation privée en France pour l’accompagnement des entrepreneurs.
Quels sont les profils de vos actionnaires ?
Éric Coisne : Il y a d’une part les actionnaires des fonds d’investissements, des grands corporate ou des Family offices : par la suite, ces profils se sont diversifiés, par exemple pour RAISE Impact.
Après un investissement initial de la Fondation de France, des investisseurs institutionnels en France et à l’étranger nous ont rejoints.
Certains de vos actionnaires font partie du CAC40, qu’est-ce-qui a permis de gagner leur confiance au fil de toutes ces années ?
Éric Coisne : L’expérience, la réputation et l’excellence opérationnelle en termes d’investissements ont permis de créer un socle de confiance avec ces grandes entreprises. Mais c’est aussi cette proximité avec de jeunes entrepreneurs qui a été déterminante. Les grandes entreprises ont besoin des petites, et inversement. Les petites entreprises apportent l’agilité, l’innovation, la créativité, dont ont besoin les grands groupes. A leur tour ces derniers apportent leur professionnalisme, leur puissance et leurs réseaux aux plus petites.
C’est ce que l’on appelle “l’écosystème RAISE”.
La crise du Covid-19 vous a-t-elle impacté ou au contraire permis de vous développer ?
Éric Coisne : Cette crise a été révélatrice d’un point de vue économique. Les entreprises ne peuvent plus ne pas avoir de vision des enjeux environnementaux et sociaux. Aujourd’hui chez RAISE Impact, tout notre portefeuille est en croissance, car nous avons choisi des domaines qui prennent en compte l’intérêt de la planète et des personnes. Globalement, nous pouvons dire que nous avons su être un peu visionnaires en choisissant d’investir dans des projets qui visent le bien-être des acteurs de la société et de la planète.
La crise du Covid-19 a radicalement modifié nos modes de vie. Cela a-t-il modifié les projets auxquels vous vous intéressez ? Dans le secteur de la santé par exemple ?
Éric Coisne : Nous travaillons à ce que toutes les entreprises dans lesquelles nous investissons puissent s’engager dans une transformation durable, environnementale et sociale.
Une des entreprises dans laquelle nous avons investi est à la base un laboratoire pharmaceutique, M2I, qui s’est orienté sur la fabrication de phéromones de synthèses, une alternative aux insecticides. Avec la crise sanitaire et le plan de relance, cette entreprise a pu développer son activité, en fabriquant notamment un actif pharmaceutique utilisé pour la prise en charge en réanimation de patients atteints par le Covid-19
Pensez-vous que le monde actuel est en train de prendre un tournant radical vers le digital ? Cela impacte-t-il votre structure ?
Éric Coisne : La technologie et le digital sont absolument partout. Aucune entreprise ne peut s’en passer aujourd’hui. Ce que l’on constate aujourd’hui, c’est que le digital peut aussi être utilisé au service du bien commun.
Noé Gersanois : Chez nous, sur la partie digitale, le tournant est pris depuis plusieurs années. La vraie question est de savoir comment est-ce-qu'en tant qu’êtres humains, nous allons nous positionner dans nos organisations face à cette accélération. Le COVID-19 a fait émerger tout un tas de nouvelles tendances, comme les techs liées au bien-être individuel et distanciel, mais ce n’est pas si inédit pour nous.
Quels sont vos défis pour cette nouvelle année 2021 ?
Éric Coisne : Toute cette crise nous conforte dans notre stratégie et dans nos convictions. Nous orientons nos activités vers quatre grands secteurs :
- La transition énergétique (nous avons investi par exemple dans la société Hype, qui transforme une flotte de taxis du diesel à l’hydrogène)
- La transition agricole
- L’économie circulaire (nous accompagnons l’entreprise ean-Bouteille, spécialisée dans les produits liquides en vrac afin de limiter les déchets)
- L’inclusion sociale (nous venons d’investir dans une société de services à la personne)
Nous pensons que le véritable défi consiste à prendre en compte tous ces aspects environnementaux et sociaux dans l’ensemble de nos investissements et de parvenir à prouver qu’il y a une vraie corrélation entre la prise en compte de l’impact et la création de valeur économique.
Noé Gersanois : Pour nous, comme nous n’avons pas de modèle d’investissement, les choses sont différentes. Le défi pour l’année à venir est tout d’abord de rester en support des secteurs qui sont impactés et qu’il faut soutenir. Ensuite, il s’agira d’accompagner le développement des startups qui ont été impactées positivement par le contexte de crise. Par exemple, lors du premier confinement, nous avons financé une startup, ExactCure, qui crée un jumeau digital. Elle a imaginé un profil digital, qui permet de simuler l’efficacité de médicaments dans le corps d’un patient en fonction de ses caractéristiques personnelles.