La journée du 14 Février 2018 restera à jamais gravée dans la mémoire du snowboardeur français Pierre Vaultier, qui a décroché hier sa deuxième médaille olympique à Pyeongchang dans l'épreuve du snowboardcross (également appelée bordercross), sa spécialité. C'est la quatrième participation du jeune homme de 30 ans aux JO d'hiver après Turin (2006), Vancouver (2010) et Sotchi (2014). Tout au long de ces 12 dernières années, il n'a cessé de progresser. Classé 35ème en Italie en 2006 lors de la création de l'épreuve aux JO, il est grimpé à la 9ème place en 2010, avant de remporter l'or en Russie quatre ans plus tard.

Hier, Pierre Vaultier a tenu à conserver son titre olympique, et il y est parvenu. Il l'affirmait d'ailleurs lui-même l'été dernier dans les colonnes du Monde en préparant ces Jeux : "On ne se fatigue jamais du rêve olympique".

Le principe du snowboardcross est simple : plusieurs concurrents s'élancent du haut de la piste, et le premier qui parvient à la ligne d'arrivée remporte l'épreuve. Ici, c'est la stratégie qui prime, car les bosses et les virages sont volontairement nombreux à appréhender. Kevin Strucl, l'entraîneur de Pierre Vaultier, souligne ainsi que son poulain est un fin stratège. Il connait mathématiquement le moindre mètre carré du parcours et étudie avec minutie les précédentes prestations de ses adversaires, dont il sait parfaitement les qualités et les points faibles.

Pierre Vaultier, le "miraculé"

Le récent parcours sportif de Pierre Vaultier est également à souligner. En effet, il y a quatre ans, il avait d'abord déclaré forfait pour les Jeux Olympiques de Sotchi suite à une rupture du ligament croisé du genou survenue fin 2013. Mais il a tout de même décidé de se rendre en Russie en refusant de se faire opérer.

Muni d'une attelle, il a ensuite remporté la médaille d'or de snowboardcross. Une victoire au goût exceptionnel qu'il qualifiait à l'époque de "miracle". Il a également remporté la médaille d'or aux Championnats du Monde en Espagne en 2017, et gagné cinq fois la Coupe du Monde depuis 2008.

Rappelons aussi que l'athlète de Serre-Chevalier (Hautes-Alpes) n'en était pas à sa première blessure grave.

Il souffre actuellement de nombreuses séquelles suite à une fracture du dos en 2008, suivie de celle du péroné en 2011 et de l'astringale en 2012. Cette dernière déconvenue l'empêche encore de courir aujourd'hui.

Des succès tardifs mais efficaces

Par ailleurs, Pierre Vaultier a appris une leçon importante pendant sa carrière : le perfectionnisme est une qualité, mais peut aussi être un défaut quand il est poussé à l'extrême. A ses débuts en 2005, le natif de Briançon brillait de mille feux à l'entraînement, mais perdait ses moyens lors des compétitions officielles. Au journal Le Monde, il explique que ces échecs l'empêchaient parfois de se nourrir pendant plusieurs jours, jusqu'à remettre complètement sa carrière sportive en question.

"Pierre était victime de ses qualités. Capable d'exploiter 100% de ses capacités à l'entraînement, il était complètement inhibé par le stress en compétition", analyse Philippe Giraud, son préparateur mental depuis 2006. C'est lui qui l'a sorti de cette spirale infernale et l'a entraîné vers les succès que l'on connaît aujourd'hui. Marié à l'ancienne snowboardeuse Kadri Pihla, Pierre Vaultier vit désormais beaucoup plus sereinement sa passion et passe la moitié de l'année en Estonie, le pays d'origine de son épouse, avec leurs deux enfants.

A l'heure où nous publions ces lignes, la France pointe à la sixième place au tableau des médailles à Pyeongchang, avec six trophées remportés : deux en bronze, un en argent et désormais trois en or après les victoires de Pierre Vaultier, de Perrine Laffont en ski de bosses et de Martin Fourcade en biathlon.