La population des gens timides n'est pas une population comme les autres, c'est une minorité en souffrance. En principe, si la société était attentive à leur égard, des politiques publiques spéciales auraient été mises en œuvre en vue de leur intégration sociale complète. A défaut de toute action spécifique pour les sortir de ce qui s'apparente à un véritable handicap, les victimes vivent en grande partie dans l'enfermement, incapables d'intégrer des groupes d'amis pouvant les aider à s'épanouir et ce, dans la grande indifférence sociale. Découverte d'une population singulière, à la fois si proche et si lointaine du commun des mortels.

Une minorité victime de préjugés parfois insensés

Beaucoup de préjugés sont distillés sur les personnes timides. Ainsi par exemple, on dit souvent que les personnes timides sont des personnes traumatisées par des tragédies qui les ont marquées négativement, d'où, devenues de grands phobiques sociaux, elles ont choisi le repli sur soi. Dans cette perspective, la timidité est vue comme une maladie à prendre en charge par les psys. Parfois aussi, quelques-uns pensent que les gens timides sont des personnes égoïstes voire égocentriques qui ne supportent pas l'amitié avec les autres, de peur d'avoir à partager avec les autres. Ainsi de suite.

Chacun y va de son commentaire dans l'espoir de percer le mystère qui entoure ces personnes qui nous paraissent étranges.

Et pourtant, la timidité n'est pas une maladie, elle est seulement une façon d'être, une façon d'exister de certaines personnes. Et, quoique l'on puisse penser, les personnes timides peuvent parfois cacher en elles, de très grands talents. Il suffit pour cela de mettre à leur disposition des moyens, comme par exemple ceux mis à la disposition des enfants surdoués au travers d'écoles spécialisées.

Des écoles, collèges, lycées et universités spécialisées pour élèves et étudiants timides devraient être envisagés pour une prise en charge de leur spécificité et pour les aider à déployer tous leurs talents. L'enseignement général doit avoir des dispositifs spécifiques pour les gens timides. Vu que leur spécificité n'est pas prise en compte par la société, cette minorité est contrainte à une cohabitation avec les personnes aux énergies contraires, c'est-à-dire, les personnes extraverties, qui peuvent dans certains cas, représenter une source d'épuisement et de dégoût pour les gens timides.

En effet, selon l'intensité de la timidité, certaines victimes peuvent facilement être absorbées par les personnes expansives, les personnes exubérantes.

Des victimes du système managérial

Là, où le bat blesse, c'est que nous vivons dans un monde de réseaux et les relations sont déterminantes dans la carrière professionnelle. A ce niveau aussi, rien n'est prévu pour les personnes timides auxquelles on pose les mêmes exigences d'ouverture aux autres que les personnes expansives. Par exemple, les examens oraux ou les oraux pendant les concours professionnels. Là, où, ils peuvent apparaître comme un véritable jeu pour les personnes extraverties, pour les personnes timides, ils sont un véritable enfer.

Pourtant, ces dernières sont obligées de subir ces oraux si elles veulent avoir un emploi.

Enfin, à l'ère du Management, c'est-à-dire, de la gestion par la performance, les mêmes exigences d'aptitudes professionnelles caractérisées par le dynamisme et l’enthousiasme sont demandées aux personnes timides, au même titre que les personnes expansives. Pour finir, rares sont les structures spécialisées dans l'accompagnement des timides dans la construction de leurs relations matrimoniales.

Et voilà comment les personnes timides peuvent connaître l'échec scolaire, l'échec social, l'échec professionnel, mais aussi l'échec matrimonial car oser prendre la parole dans le public, oser séduire, c'est-à-dire, briser le mur de l'altérité est pour elle, une épreuve insurmontable. Vivement que les pouvoirs publics prennent des mesures pour faciliter l'intégration des populations timides !