Le climat ne se réchauffe pas entre Ségolène Royal et l’actuel patron du ministère de l’Écologie. C’est même l’ère glaciaire qui s’est installée depuis trois mois. Nommée ambassadrice aux pôles arctiques et antarctiques, elle s’est improvisée lanceuse d’alerte par texto. Elle est qualifiée d’ « épouvantable » par un ministre qui l’accuse de sentiment de supériorité. Vous l’aurez compris, le torchon brûle. Elle fustige ses adversaires parlementaires, mais semble flagorner le président Macron auquel elle n’a jamais cessé de proposer ses services.

Retour sur ces conflits médiatiques.

Des échanges trop réguliers

C’est lors d’une longue interview au Parisien le 15 octobre 2017 que les hostilités ont commencé. Ségolène Royale, forte de l’expérience acquise en tant que ministre de l’Environnement sous deux présidences (celles de François Mitterrand, et de François Hollande) n’était avare ni de conseils ni de mise en garde à l’égard de son remplaçant. « Il m’arrive de l’alerter par texto sur certains sujets », déclarait-elle. À ce moment-là, on connaissait leurs points de désaccord sur le glyphosate, le crédit d’impôt ou la transition énergétique. Puis elle a regretté un certain essoufflement lors du débat parlementaire impliquant Nicolas Hulot sur les hydrocarbures, tout en soulignant sa popularité, son capital sympathie, une conscience de gauche dans un gouvernement accusé d’être trop à droite.

Elle ajoutait alors : « Tout ce que je peux faire pour l’aider, je le ferai ». Et elle l’a fait. Fin novembre, en pleine tourmente « glyphosatique », le ministre sexagénaire lui avait alors répondu de manière polie, mais assez claire qu’il n’avait pas besoin de ses conseils pour être ferme et déterminé.

« Elle est épouvantable »

Ce sont les mots d'un ministre anéanti qui se livre au Parisien. La coupe était déjà pleine quand le 14 novembre dernier, Manuel Valls a soutenu et encouragé le secrétaire d’État à la Transition écologique Sébastien Lecornu pour avoir rappelé à l’Assemblée nationale, les promesses non financées de l’ex-ministre.

l’ex-présentateur d’Ushuaïa mène une politique trop mollassonne, il se laisse faire, manque de rigueur, et d’endurance. Elle regrette le manque de concrétisation des idées retenues et des mesures trop frileuses, « Avec tout ce que j’ai vécu, je n’ai plus rien à prouver, je suis capable de faire plus. »

Nicolas Hulot « en a marre »

Plus personne ne supporte sa surexposition dans les médias et ses analyses sur la politique du président Macron. « Elle un devoir de silence. Si elle veut parler, qu’elle se fasse réélire. On peut la démissionner aussi ! », fulmine un autre ministre. Les rendez-vous des deux défenseurs de l’environnement s’annulent. Elle agit comme si elle était encore ministre de l’Écologie et affole les membres de l’exécutif en les écrasant sous son autorité.

Seul Emmanuel Macron semble être écarté de son ressentiment. « J’ai un point commun avec Emmanuel Macron, celui des gens qui bossent, qui maîtrisent leurs sujets et ne font pas d’embrouilles », confie-t-elle, prévoyante, au Parisien.

Souhaitons que les choses s’arrangent à l’issue de leur prochain rendez-vous fixé en janvier, à moins que celui-ci se décale aussi.