Entre Emmanuel Macron et Bachar El-Assad, les relations sont désormais tendues comme jamais. Une tension qui est montée d'un cran ces dernières heures après les déclarations du président syrien. « La France a été le porte-étendard du terrorisme en Syrie depuis ses débuts et ses mains sont souillées du sang des Syriens. Nous ne considérons pas qu'ils ont changé de position. C'est pourquoi ils ne sont pas en mesure d'appeler à une conférence censée être une conférence de paix. Quiconque soutient le terrorisme n'a pas le droit de parler de paix », avait ainsi confié un Bachar El-Assad très remonté.

Ce mardi, Emmanuel Macron a tenu à lui répondre, jugeant ses propos « inacceptables ». « Je ne crois pas qu'on puisse construire une paix durable et une solution politique sans la Syrie et les Syriens. Je ne crois pas pour autant que la Syrie se résume à Bachar al-Assad », a de son côté répliqué le Président de la République française, semble-t-il déterminé à ne pas se laisser faire par le président syrien. Tendue depuis plusieurs mois, la relation entre les deux hommes a donc enfin explosée avec ces propos que l'on ne peut pas considérer de diplomatiques.

Le Drian répond lui aussi à Assad

Il faut dire que Bachar El-Assad n'est pas un grand fan d'Emmanuel Macron. En dépit d'être l'un des principaux soutiens de l'opposition syrienne, la France a cherché une approche plus pragmatique du conflit syrien depuis l'arrivée au pouvoir de Macron.

Ce dernier a plusieurs fois affirmé que le départ d'Assad n'était pas une condition préalable aux pourparlers. « Mon ennemi, c'est Daech », a plusieurs fois clamé le Président de la République française ; qui a également déclaré lundi qu'il ferait pression pour des pourparlers de paix impliquant toutes les parties au conflit syrien de six ans, y compris Assad, promettant des « initiatives » au début de l'année prochaine.

Il a enfin insisté pour que le dirigeant syrien fasse face à la justice pour ses crimes. S'exprimant à Washington après avoir rencontré de hauts responsables américains, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a lui déclaré que la France n'allait pas tirer les leçons d'un homme qui avait libéré de prison des milliers de militants islamistes.

« Quand vous avez passé vos journées à massacrer votre peuple, vous devriez être généralement un peu plus discret », a lancé Jean-Yves Le Drian.

Une victoire en Syrie d'ici février ?

Emmanuel Macron avait également évoqué le sujet de la Syrie dimanche soir, lors de son interview accordée à France 2. « Nous venons de gagner la guerre en Irak avec la coalition, avait-il expliqué. « Et je pense que d'ici le milieu du mois de février, nous aurons gagné la guerre en Syrie ». Une prédiction plus qu'une promesse pour Macron qui en avait profité pour qualifier Bachar El-Assad « d'ennemi du peuple syrien », assurant, comme son ministre, que le président syrien devrait un jour répondre de ses crimes. « Le plan de la France est de gagner la paix, de déminer le pays, de le démilitariser et de construire une solution politique qui permettra une paix durable - ce qui signifie que toutes les minorités sont protégées, chrétiens, chiites et sunnites », a expliqué Emmanuel Macron.

Une tension plus que jamais présente entre l’État français et le pouvoir syrien alors que les combats se poursuivent dans une guerre qui a tué plus de 340 000 personnes depuis 2011. Daech, qui contrôlait autrefois des pans de terres, ne détient désormais que quelques parcelles de territoire syrien. La défense de Bachar El-Assad est donc surtout préventive. Le président syrien sait qu'après Daech, ce sera à son tour d'être visé.