L'ancienne campagne présidentielle française a clairement reflété deux visions de l'Union Européenne. Il y avait d'un côté le camp des souverainistes, qui déclaraient vouloir en finir avec l'autorité de Bruxelles afin de retrouver le contrôle du pays, affirmant que la majorité des lois votées en France étaient émises sous la dictée de l'autorité européenne. L'autre camp était au contraire en faveur d'une accélération de cette européanisation, affichant clairement son désir de voir émerger une sorte d'États-Unis d'Europe. La Pologne est un exemple parmi tant d'autres de l'ingérence étouffante d'une Union européenne qui n'accepte pas qu'un État membre puisse décider de ses lois sans son aval.

Bruxelles menace la Pologne de mesures répressives

La Commission européenne a fait part le 20 décembre de sa décision d'engager une procédure contre la Pologne en s'appuyant sur l'article 7 du traité de l'Union européenne, selon lequel elle peut intervenir lorsqu'elle considère qu'un État membre a effectué une violation de l'état de droit. Elle avait mis en place cette résolution en mai 2017 contre la Hongrie, lui reprochant "une grave détérioration de l’État de droit, de la démocratie et des droits fondamentaux ces dernières années". Mais elle ne l'avait finalement pas appliqué à son encontre. Concernant la Pologne, la Commission européenne, après de multiples avertissements, a décidé d'utiliser ce recours en dénonçant "un risque clair d’une violation grave de l’État de droit en Pologne".

En effet, elle s'alarme contre des nouvelles mesures judiciaires mises en place par la Pologne qui ne garantiraient plus l'indépendance des juges selon elle. Le président Emmanuel Macron est un fervent partisan à ce recours de l'article 7 et Angela Merkel a également indiqué qu'elle y était favorable. La Hongrie par contre s'y est fermement opposée en annonçant qu'elle déposerait son veto.

Le recours à l'article 7 engage une procédure complexe qui, si l'ensemble des pays membres arrivent à un accord, risquerait de suspendre le droit de vote de la Pologne au sein du Conseil de l'Union regroupant les 28 États membres.

L'autorité polonaise a fait part de sa déception face à ce qu'elle considère comme étant un acte "politique et non juridique".

Le ministère des affaires étrangères polonais a indiqué que cette décision "pèse inutilement sur nos relations, ce qui risque de rendre difficile la construction de la compréhension et de la confiance mutuelle entre Varsovie et Bruxelles".