Une trêve humanitaire, vraiment ? Moscou assurait que les bombardements allaient cesser plusieurs heures par jour, tandis que le Conseil de l'ONU réclamerait une trêve de trente jours. Finalement, les bombardements n'ont pas cessé. Les frappes aériennes et les attaques au mortier ont repris dans l'enclave syrienne de l'est de la Ghouta, tenue par les rebelles, malgré la « pause humanitaire » quotidienne ordonnée par le président russe Vladimir Poutine. Les nouveaux affrontements de ce mardi soulignent d'ailleurs les limites de l'influence de la Russie sur le président syrien, Bachar al-Assad.

Les résidents et les militants ont déclaré que la violence continuait malgré les affirmations selon lesquelles un couloir humanitaire serait ouvert pour permettre aux civils de s'échapper. « Seul le nombre d'avions de chasse ont été réduits, mais les bombardements et les roquettes sont bien là », a déclaré Nour Adam, une militante de la région, dans des propos relayés par le Guardian. « Aucune des familles ou des civils n'est sortie des abris anti-bombes parce que personne ne fait confiance au régime ou aux Russes ». Un décès aurait déjà été signalé pour cette journée, portant à près de 600 le nombre de morts depuis le début des bombardements sur la zone il y a dix jours.

Une trêve quotidienne de cinq heures proposée par la Russie

Le régime de Bachar al-Assad nie les faits. En effet, l'Observatoire syrien des droits de l'homme a indiqué qu'il avait été calme dans l'est de la Ghouta depuis minuit. Pourtant, quatre roquettes ont frappé la ville de Damas dans la matinée. En milieu de journée, les bombardements avaient sans aucun doute repris.

Les frappes aériennes du régime ont ciblé plusieurs villes de la région. La décision de Poutine, annoncée lundi par son ministre de la Défense, Sergei Shoigu, a montré l'influence de la Russie sur la Syrie, et surtout les difficultés de l'ONU sur ce dossier. En effet, la trêve imposée par la Russie fait suite à la condamnation internationale croissante de la violence, avec le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, décrivant la situation dans l'est de la Ghouta comme « l'enfer sur terre ».

Le ministère russe de la Défense a déclaré lundi que les mesures, décidées en accord avec les forces syriennes, avaient pour but d'aider les civils à partir et d'évacuer les malades et les blessés. Finalement, il n'en est rien : les bombardements ont repris et le nombre de morts devrait continuer à grimper de manière inquiétante.

Bachar al-Assad ignore-t-il Vladimir Poutine ?

Dans la région de la Ghouta, près de 1000 personnes attendraient une évacuation. Mais désormais, les civils sont pris au piège dans cette zone. Un porte-parole de Failaq al-Rahman, l'un des principaux groupes rebelles de la Ghouta orientale, a qualifié la pause humanitaire proposée de « crime russe », accusant Moscou de présenter aux gens le choix du déplacement forcé ou d'être tué.

De son côté, l'ONU tente de défendre la Russie. Le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric, a déclaré à propos du plan russe que « cinq heures valent mieux que rien, mais nous voudrions voir une fin de toutes les hostilités prolongée de 30 jours, comme stipulé par le conseil de sécurité ». La Ghouta orientale est le dernier bastion important près de Damas pour les rebelles qui luttent pour renverser Assad, qui a chassé des insurgés de nombreuses régions avec le soutien militaire de la Russie et de l'Iran.Bachar al-Assad l'a montré, y compris en ignorant les ordres venus de Moscou, il est près à tout pour mettre fin à toute forme de résistance en Syrie. Dès lors, lui faire entendre raison semble être perdu d'avance.