Dans une interview exclusive et musclée avec Megyn Kelly de NBC, Poutine a encore nié l’accusation par les services de renseignement américains et l’ingérence dans le vote de novembre 2016 qui a permis à Donald Trump d’accéder à la Maison-Blanche.

L’acte à charge relate un certain nombre de cas où des événements, et des manifestations se sont vus organisées par des Russes se faisant passer pour des Américains sur les réseaux sociaux. Ces comptes visaient à modifier l’intention de vote des électeurs. Les chefs des renseignements américains ont indiqué que les tentatives russes d’ingérence dans la politique américaine se poursuivaient.

Un acte d’accusation de 37 pages et un impact sur le public américain

Publié vendredi par Robert Mueller contre l’Internet Research Agency russe, ses dirigeants et ses affiliés, le rapport fournit de précieux détails. Ces tentatives de manipulation présentent une menace pour les élections parlementaires de novembre.

Il n’est plus question de 100 000 dollars (payés en roubles), de publicité révélée à contrecœur par Facebook. Il s’agit à ce jour de dizaines de millions de dollars dépensés sur plusieurs années pour construire un système assez sophistiqué pour influencer l’opinion américaine. La campagne de déstabilisation russe aurait en effet débuté dès 2014, selon l’acte d’accusation.

À l’origine, l’opération visait à semer la méfiance envers les candidats et le système politique en général.

Le rapport allègue que les Russes ont volé l’identité des Américains, ont acheté des annonces politiques, ont tenté d’organiser des rassemblements et exploités comptes de médias sociaux destinés à attiser les tensions raciales et sectaires aux États-Unis.

Poutine n’a pas été impressionné par l’acte d’accusation déposé par l’avocat spécial Robert Mueller le mois dernier.

L’acte accuse 13 ressortissants et trois compagnies russes d’avoir interféré dans les élections pour soutenir la campagne de Trump et déstabiliser Hillary Clinton.

« Il y a 146 millions de Russes, alors quoi ? ... Je m’en moque, je m’en fous... Ils ne représentent pas les intérêts de l’État russe. »

Interrogé sur les suites qu’il allait donner à l’affaire des citoyens russes qui avaient attaqué la démocratie américaine, Poutine a répondu qu’il n’avait encore rien vu qui prouvait que l’ingérence alléguée avait enfreint la loi russe.

Les accusations non dévoilées par le conseiller spécial Robert Mueller sont pourtant sans équivoque quant aux efforts de la Russie pour aider Donald Trump à devenir président.

Aucun intérêt pour la Russie de s’ingérer dans les élections américaines

« Envoyez-nous une demande officielle, et nous y jetterons un coup d’œil ». Le dirigeant russe qualifie de ridicule, l’idée que la Russie, à des milliers de kilomètres de là ait pu influencer le résultat de l’élection américaine. L’homme d’État ne voit pas l’intérêt que le Kremlin aurait eu à s’immiscer dans la politique américaine pour y attiser des tensions.

Des experts estiment que le but de cette campagne de désinformation consistait à affaiblir le gouvernement des États-Unis.

Donald Trump évite toute collusion et lui laisse le bénéfice du doute.

Dans l’interview avec Kelly, Poutine décrit le président américain comme un homme d’affaires doué d’une vaste expérience et d’une bonne capacité d’adaptation bien qu’il soit novice en politique. S’engager dans des accusations réciproques et des insultes est une voie sans issue.

Poutine a déclaré qu’il ne lisait pas les tweets de Donald Trump et ne diffusait pas de tweets lui-même, préférant des moyens plus traditionnels pour exprimer son point de vue ou de mettre en œuvre ses décisions.

En ce qui concerne l’avenir des relations russo-américaines, il considère que la Russie est victime. Sanctionner la Russie : un vœu du Congrès américain, que Donald Trump a accepté malgré de nombreuses réserves, au nom de « la volonté du peuple américain ».

Le dirigeant russe serait disposé à restaurer le dialogue avec Washington.

Poutine fait face à peu d'opposition à l'élection présidentielle dont le premier tour est le 18 mars et son mandat sera certainement reconduit.