Viktor Orban s'apprête à être reconduit à la tête de la Hongrie pour un troisième mandat consécutif de premier Ministre, le quatrième de sa carrière politique. Hier dimanche 08 Avril, son parti, le Fidesz, a largement remporté les élections législatives avec 48,9% des suffrages, et assure à la droite de rester au pouvoir quatre années supplémentaires. Le système électoral hongrois lui permet aussi de remporter les deux tiers des sièges au Parlement, ce qui lui permettra, si il le souhaite, de modifier la Constitution sans aucun problème. Le Fidesz remporte ainsi 133 sièges à l'Assemblée hongroise sur 199, améliorant son score de la précédente législature de trois sièges.

Certains bureaux de vote sont même restés ouverts jusqu'à plus de 21 heures pour permettre à tous les électeurs de glisser leur bulletin dans l'urne. La Hongrie a en effet connu hier un taux de participation record de plus de 70%.

Derrière le principal parti de droite, la formation d'extrême-droite Jobbik, qui s'est déclarée "centriste" pour ces élections, arrive deuxième avec 19,8% des voix, très loin derrière le Fidesz. Ce score lui permet d'obtenir 26 sièges, soit là encore deux sièges supplémentaires par rapport à la composition du dernier hémicycle. La coalition socialiste MSZP est troisième avec 12,4% des voix et 20 sièges. Deux partis libéraux et les écologistes se partagent les 18 places restantes.

Notons néanmoins que les résultats définitifs ne devraient pas être publiés avant la fin de la semaine, le temps pour la commission électorale d'enregistrer les votes des 300.000 Hongrois vivant à l'étranger. Mais la répartition des sièges entre les différentes formations ne devrait pas en être impactée.

L'immigration, principal thème de campagne du Fidesz

Pour obtenir une nouvelle victoire, la formation de Viktor Orban a axé son discours de campagne sur la lutte contre l'immigration, qualifiant les étrangers "d'envahisseurs". Une véritable "stratégie de la peur", selon l'ONG Freedom House. L'institut Policy Solutions, lui-même basé à Budapest, ajoute que le Fidesz a également bénéficié des résultats économiques encourageants de la Hongrie ces dernières années, et d'une croissance de 2% enregistrée en 2016.

Mais une importante ombre persiste au tableau : le contrôle de la presse par l'Etat qui limite la liberté d'opinion et a laissé beaucoup moins de place médiatique aux opposants du Fidesz pendant la campagne électorale.

On remarque également une évolution dans le vote des Hongrois malgré l'écrasante victoire de la droite. En effet, le Fidesz a remporté de nouveaux sièges dans certaines circonscriptions rurales, et en a perdu dans les grandes villes. "La Hongrie voit se creuser le fossé politique entre campagnes conservatrices et villes en majorité progressistes", explique Policy Solutions.

L'opposition à Viktor Orban abattue

Dans les rangs de l'opposition, la défaite est particulièrement difficile à vivre.

Malgré sa progression de deux sièges, le Jobbik a annoncé que son leader Gabor Vona allait démissionner de la présidence du parti qu'il dirigeait depuis près de 12 ans. Ce dernier a néanmoins rappelé hier soir que son mouvement avait "augmenté [son] nombre d’électeurs par rapport à 2014" et représentait "le principal parti d’opposition au Fidesz". A gauche, Gyula Molnar, qui était jusqu'ici à la tête du parti Socialiste, a lui aussi présenté sa démission ce matin.

Quel avenir pour la Hongrie désormais ? L'ONG Freedom House fait d'inquiétantes prévisions, en annonçant notamment la naissance probable "d'un Etat avec parti unique". Hier après l'annonce des résultats, la Police ont déjà dispersé par la force de nombreux manifestants d'opposition rassemblés devant le Parlement de Budapest.