Entre la Russie et les Etats-Unis, le climat n'est pas au beau fixe. Les deux pays se sont en effet rapprochés d'une confrontation directe sur le sujet de la Syrie, lundi soir alors que Donald Trump a déclaré qu'une décision était imminente sur une attaque à l'arme chimique. Moscou a de son côté averti que toute action militaire américaine aurait de « graves répercussions ». Donald Trump a rencontré des généraux américains dans la salle des armoires de la Maison Blanche lundi soir pour discuter des questions de défense américaines. Le président américain a souligné qu'ils étaient susceptibles de décider comment réagir à l'attaque de gaz toxique de Douma, une banlieue tenue par les rebelles de Damas, qui aurait tué plus de 40 personnes et affecté gravement des centaines de personnes.

Les Etats-Unis et leurs alliés ont accusé le régime de Bachar al-Assad d'avoir mené l'attaque, et Trump lui-même a déclaré que Vladimir Poutine, en soutenant Assad, avait une certaine responsabilité. La Russie a prétendu qu'il n'y avait pas eu d'attaque chimique contre Douma ou, si c'était le cas, qu'elle était organisée par des rebelles soutenus par l'Occident. Entre les deux pays, le jeu de poker menteur est donc bel et bien lancé.

La Russie se défend et accuse les Etats-Unis

« Nous allons prendre une décision imminente » a déclaré Donald Trump à la presse, en compagnie de son nouveau conseiller à la sécurité nationale, John Bolton. « Nous ne pouvons pas laisser des atrocités comme nous en avons tous été témoins ...

nous ne pouvons pas laisser cela se produire ». Et le président américain d'ajouter : « nous avons beaucoup d'options, militairement ». La réunion s'est terminée après moins d'une heure. Un compte rendu de la Maison Blanche sur les discussions avec les généraux n'a pas mentionné la Syrie. Avant de rencontrer les généraux, Trump a appelé Emmanuel Macron, qui a également menacé d'une action militaire s'il est bel et bien prouvé que c'est le régime syrien qui a mené cette attaque d'armes chimiques.

La Maison Blanche a publié une déclaration soulignant que les présidents américain et français « continueraient leur coordination pour répondre à l'utilisation atroce des armes chimiques par la Syrie le 7 avril ». L'émissaire français à l'ONU, François Delattre, a déclaré que les symptômes des victimes suggéraient qu'ils avaient été exposés à « un puissant agent neurotoxique, combiné avec du chlore pour renforcer son effet létal ».

Delattre a ajouté que seules les forces syriennes avaient les moyens et le motif de fabriquer de telles armes et d'effectuer une telle tentative.

Donald Trump prêt à « répondre militairement »

Ambassadeur russe à l'ONU, Vassily Nebenzia s'est plain du fait que « la Russie est menacée de façon impardonnable » et affirme que les enquêteurs russes n'avaient trouvé aucune preuve d'attaque chimique à Douma, et qu'elle avait été organisée par des rebelles entraînés par les forces spéciales américaines à commettre des fausses alertes. Des explications qui n'ont pas convaincu les Etats-Unis, poussant Donald Trump à envisager, plus que jamais, la réponse militaire. Le président américain avait déjà ordonné, en avril dernier, des frappes aériennes contre une base syrienne après une attaque précédente d'armes chimiques.

A l'époque, Donald Trump avait pris soin d'éviter tout affrontement direct face à Vladimir Poutine. Cette fois, la Russie et les Etats-Unis sont plus que jamais face à face avec dossier syrien en forme de bombe à retardement. L'ONU peut-il calmer le jeu entre les deux grands pays ? C'est désormais tout l'enjeu des prochaines heures.